Attaque à Istanbul : 39 morts, au moins 3 Français blessés, le tireur toujours recherché
Un assaillant déguisé en Père Noël a fait irruption dans une célèbre boîte de nuit et a tiré sur la foule dans la nuit du nouvel an. Sa traque se poursuit.
Après être entré dans la boîte de nuit, l’assaillant a tiré au hasard sur la foule. « D’une façon sauvage et impitoyable, il a mitraillé des personnes qui étaient simplement venues célébrer le nouvel an », a déclaré le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu. Selon la chaîne d’information NTV, plusieurs personnes ont plongé dans le Bosphore pour échapper aux coups de feu.
Trois Français blessés
Parmi les touristes présents au moment de l’attaque, au moins trois Français ont été blessés, a annoncé dimanche le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault. « Nous sommes en contact avec les autorités turques qui sont en train de procéder à l’identification des corps. À ce stade, nous déplorons trois blessés de nationalité française », souligne le ministre dans un communiqué, qui « condamne la lâche et odieuse attaque ». Le président de la République François Hollande a également condamné, dimanche, l’attaque « avec force et indignation » et a exprimé sa « solidarité avec la Turquie dans cette épreuve », selon un communiqué diffusé par l’Élysée.
Vingt des 39 victimes ont d’ores et déjà été identifiées, et parmi elles figurent 15 étrangers et 5 Turcs, a précisé le ministre de l’Intérieur. Parmi les 65 blessés, 4 ont été grièvement atteints. Les nationalités des victimes étrangères n’ont pas été précisées dans l’immédiat par les autorités turques. La Belgique a annoncé qu’un ressortissant belge au moins aurait été tué. Des ressortissants de plusieurs pays arabes, l’Arabie saoudite, le Maroc, le Liban et la Libye, figurent parmi les 39 morts, a indiqué dimanche la ministre turque de la Famille, Fatma Betül Sayan Kaya, sans donner de chiffre exact pour chaque pays.
Une Israélienne a été blessée et une autre est portée disparue, avait déjà annoncé un porte-parole israélien. « Une Israélienne a été blessée et hospitalisée, mais ses jours ne sont pas en danger, tandis qu’on est sans nouvelles d’une deuxième Israélienne qui se trouvait dans cette discothèque au moment de l’attentat », a affirmé à l’Agence France-Presse le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
Activement recherché
« Les recherches pour retrouver le terroriste sont en cours. J’espère qu’il va être rapidement capturé », a indiqué dimanche matin le ministre turc de l’Intérieur Süleyman Soylu, parlant d’une « attaque terroriste ». Selon lui, les premiers éléments de l’enquête ont révélé que l’assaillant avait dissimulé le fusil qu’il a utilisé pour perpétrer le carnage sous un manteau et aurait quitté les lieux en portant des habits différents. Les médias turcs avaient dans un premier temps fait état d’« au moins un » tireur déguisé en Père Noël. Des témoins cités par l’agence de presse Dogan ont rapporté l’avoir entendu s’exprimer en arabe, mais cela n’a pas été confirmé par les autorités.
Le Reina est une emblématique boîte de nuit d’Istanbul, située à Ortaköy, un quartier du district de Besiktas, sur la rive européenne de la ville. Selon Dogan, elle accueillait au moins 700 personnes venues célébrer le passage à la nouvelle année. Le Reina, discothèque huppée où les entrées sont filtrées, est située à quelques centaines de mètres de l’endroit où avaient eu lieu les célébrations officielles du nouvel an, au bord du Bosphore.
« Crime cynique »
L’attaque n’a pas encore été revendiquée, mais la Turquie a été la cible de nombreux attentats attribués à l’organisation État islamique ou liés à la rébellion séparatiste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont notamment frappé Istanbul et Ankara. Pourtant, après une année 2016 sanglante, les autorités turques étaient sur leurs gardes en ce jour de réveillon et 17 000 policiers avaient été déployés en ville.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé dimanche que l’attentat du nouvel an visait à « semer le chaos dans le pays ». « Ils œuvrent pour détruire le moral du pays et semer le chaos en ciblant des civils avec de telles attaques haineuses », a déclaré le président turc dans sa première réaction à la fusillade meurtrière, selon un communiqué publié par la présidence.
La Maison-Blanche a condamné une « horrible » attaque. « De telles atrocités perpétrées sur des innocents venus pour la plupart célébrer le nouvel an soulignent la sauvagerie des assaillants », a déclaré Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. « Il est difficile d’imaginer crime plus cynique que de tuer des civils pendant la célébration du nouvel an. Nous avons tous le devoir de combattre avec détermination les agressions terroristes », a par ailleurs affirmé le président russe Vladimir Poutine dans un message de condoléances à M. Erdogan.
Membre de la coalition internationale qui combat l’EI en Syrie et en Irak, la Turquie a déclenché en août une offensive dans le nord de la Syrie pour repousser les djihadistes vers le sud, mais aussi les milices kurdes syriennes. Des rebelles syriens soutenus par l’armée turque assiègent depuis plusieurs semaines la ville d’Al-Bab, un fief de l’EI dans le nord de la Syrie. En réaction à ces opérations militaires, l’EI a à plusieurs reprises menacé d’attentats la Turquie, devenue une des principales cibles des djihadistes.
Avec AFP
