Tests antigéniques: une nouvelle arme simple et rapide contre le Covid-19
Savoir si on est infecté par le coronavirus un peu comme on ferait un test de grossesse: même s’ils sont moins précis que les tests standards, les tests antigéniques sont plus rapides et plus simples d’emploi, deux atouts importants dans la lutte contre l’épidémie.
Ces nouveaux tests peuvent être particulièrement utiles dans deux situations: quand les tests actuels de diagnostic (dits RT-PCR) « ne sont pas disponibles », comme par exemple dans les pays pauvres, et quand il y a « des délais trop longs d’obtention des résultats », précise l’OMS (Organisation mondiale de la santé) dans un rapport daté du 11 septembre.
Convenablement utilisés, ils « pourraient être d’un apport précieux », notamment dans les zones isolées ou pour juguler l’épidémie de Covid-19 dans des endroits où la circulation du virus est particulièrement forte, souligne l’OMS.
Un test antigénique a la taille et la forme d’une carte de crédit. Il s’accompagne d’un écouvillon (sorte de long coton-tige) pour le prélèvement et d’un liquide réactif qu’on verse dans une encoche de la carte, où le prélèvement est ensuite placé.
Comme les tests RT-PCR, le prélèvement est fait dans les narines (nasopharyngé), voire la gorge (oropharyngé).
Mais contrairement aux RT-PCR, les tests antigéniques ne nécessitent pas d’analyse en laboratoire, car leur mécanisme est plus simple. Les premiers détectent le matériel génétique du coronavirus, alors que les seconds repèrent des protéines du virus.
C’est donc à l’étape du rendu du résultat, et non du prélèvement, que les tests antigéniques permettent de gagner du temps, même s’ils nécessitent eux aussi l’intervention d’un professionnel: le verdict est disponible en « 10 à 30 minutes » selon l’OMS, contre plusieurs jours pour les RT-PCR.
Cette rapidité compense en partie le fait que les tests antigéniques sont moins précis que les RT-PCR. Car même ultra-précis, un test rendu trop tard ne sert à rien puisque la clé pour contrôler l’épidémie est de repérer puis isoler un cas positif le plus tôt possible.
C’est à cet écueil que se heurtent de nombreux pays, comme la France ou le Royaume-Uni, où la trop grande demande de tests RT-PCR sature les laboratoires et allonge les délais.
« Un cas détecté plus vite permettra de prendre des mesures pour réduire le risque de contaminer d’autres personnes », espère la présidente de la Haute autorité de santé française, la Pr Dominique Le Guludec, qui a récemment donné le feu vert aux tests antigéniques.
Toutefois, leur fiabilité varie d’un modèle à l’autre. L’OMS a donc fixé des seuils minimaux de performance pour qu’ils soient utilisés: 80% de sensibilité, c’est-à-dire la proportion de tests positifs quand les personnes sont atteintes de la maladie, et 97% (voire 99% « dans l’idéal ») de spécificité, c’est-à-dire la proportion de tests négatifs quand les personnes ne sont pas infectées.
Le premier indicateur a pour but d’éviter de rater des personnes infectées, et le second de s’assurer que les cas positifs sont bien des cas de Covid-19 et pas d’autres maladies virales (la grippe, par exemple).
Par ailleurs, les tests antigéniques perdent de leur efficacité au fur et à mesure qu’on avance dans l’infection.
Leur performance « est meilleure quand la personne est testée au stade précoce de l’infection, quand la charge virale est généralement plus haute », relèvent les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) américains.
Pour l’OMS, les tests antigéniques doivent être faits « dans les 5 à 7 premiers jours suivant l’apparition des symptômes » pour que leurs « performances soient optimales ».