Coronavirus : 4e décès en France qui passe la barre des 200 cas
La France a annoncé mardi un quatrième décès lié au nouveau coronavirus et les autorités se préparent à une nouvelle intensification de l’épidémie qui a dépassé les 200 cas, soit un doublement en trois jours.
Il y a encore une semaine, le pays ne comptait que 12 cas, principalement liés à des patients passés par la Chine. Mais avec l’émergence de foyers hors de Chine, l’épidémie a connu depuis une brusque accélération dans l’Hexagone, atteignant samedi soir 100 cas confirmés depuis fin janvier, puis 204 ce mardi.
« Nous ne sommes pas en épidémie, nous faisons face à une menace épidémique qui se rapproche et nous anticipons la situation », a assuré mardi sur BFMTV/RMC le ministre de la Santé Olivier Véran, qui a ensuite voulu rassurer lors de questions à l’Assemblée nationale.
« L’hôpital sera à la hauteur, la médecine de ville sera à la hauteur, nos infirmiers, nos pompiers, seront à la hauteur de cette crise virale ! », a-t-il lancé sous les applaudissements.
La France est l’un des principaux foyers du nouveau virus en Europe, avec l’Italie et l’Allemagne. Elle compte désormais quatre décès, avec la mort mardi d’un homme de 92 ans dans le Morbihan, un des trois foyers importants de propagation de l’épidémie en métropole où 11 des 13 régions comptent désormais au moins un cas.
Le troisième décès, annoncé lundi, est une femme de 89 ans « testée en post-mortem à l’hôpital de Compiègne », qui « avait d’autres pathologies », selon le N.2 du ministère de la Santé, Jérôme Salomon.
Les deux premiers étaient un touriste chinois de 81 ans puis un enseignant de 60 ans résidant dans l’Oise, principal foyer de contamination.
Masques
Outre l’Oise, qui compte au moins 64 cas, d’autres regroupements géographiques de cas sont recensés autour de La Balme-de-Sillingy en Haute-Savoie (19 personnes positives), dans quatre communes du Morbihan (12 cas) et parmi les participants à un voyage organisé en Egypte (11 cas).
Depuis ce week-end, des mesures plus contraignantes ont été prises pour empêcher une propagation plus large. Elles correspondent au passage en phase 2 (sur 3) de la lutte contre l’épidémie.
Ainsi, une « bonne centaine » d’écoles, collèges et lycées sont fermés en France, essentiellement dans l’Oise et le Morbihan, selon le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer.
Cela concerne « environ 35.000 élèves dans l’Oise », et « 9.000 dans le Morbihan ». Il est possible qu’il y ait d’autres foyers qui « apparaissent dans les jours qui viennent », a dit M. Blanquer sur LCI.
Face à cette situation, les Français inquiets se précipitent sur les masques et les gels hydroalcooliques. La Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) va enquêter sur les fortes augmentations des prix de vente de ces produits constatées depuis l’apparition de l’épidémie.
Gel hydroalcoolique ou masques, « je n’en ai plus depuis 15 jours, bien avant que des cas ne se déclarent dans le Morbihan », a commenté Céline Fourel, pharmacienne dans une des communes touchées du département.
Pour protéger les médecins de ville, le ministre de la Santé a annoncé que dix millions de masques allaient être répartis dans les pharmacies de France.
Ils s’ajoutent à « cinq millions de masques chirurgicaux » déjà distribués « dans les agences régionales de santé et auprès des établissements de santé et des Ehpad pour les personnes âgées ».
Et Emmanuel Macron, qui devait se rendre dans l’après-midi au centre de crise du ministère de la Santé, a annoncé sur twitter la réquisition de « tous les stocks et la production de masques de protection » pour les distribuer aux soignants et aux malades.
Des syndicats de médecins libéraux ont réclamé que des masques à haut niveau de protection (dits FFP2) soient distribués d’urgence à ces soignants. Ils font valoir que les masques chirurgicaux, avant tout destinés à ce qu’un malade ne contamine pas d’autres personnes, ne suffisent pas à protéger les médecins.
Annulations
D’autre part, les rassemblements de plus de 5.000 personnes en « milieu confiné » ont été annulés ou reportés. Cela concerne de nombreux concerts, ainsi que les Salons du Livre, celui du Tourisme, et d’autre salons professionnels.
Côté sport, les matches de foot de L1 ne sont en revanche « pas soumis à des restrictions particulières » à ce stade, a déclaré la ministre des Sports Roxana Maracineanu, pas plus que le championnat Top 14 de rugby.
Les différences de traitement selon les événements ont parfois du mal à être comprises par le grand public.
Il n’y a « pas d’annulation systématique des événements » mais une appréciation « au niveau local », a précisé Jérôme Salomon, soulignant que le gouvernement était soucieux de « garder une vie normale sur le territoire ». Parmi les critères, l’origine géographique ou le degré de proximité des participants.
Au Louvre, les employés ne comprennent pas pourquoi ces annulations ne s’appliquent pas au musée le plus visité du monde (9,6 millions de visiteurs l’an passé). Ils ont invoqué leur droit de retrait dimanche et lundi, le musée restant alors fermé. Le mardi est son jour de fermeture hebdomadaire, et on ne sait pas s’il rouvrira mercredi.
Certains pans de l’économie subissent déjà des effets, du tourisme au secteur manufacturier. Pour tenter de rassurer, les banquiers centraux et ministres des Finances du G7 ont promis mardi d’utiliser « tous les moyens » nécessaires, y compris des « mesures budgétaires » pour soutenir l’économie mondiale paralysée.