Les manifestants était au nombre de 615.000 à travers le pays selon les autorités, le syndicat CGT avançant pour sa part le chiffre d’1,8 million de personnes.
La journée de mobilisation est "un franc succès", a estimé dans le cortège à Paris Philippe Martinez, leader de la CGT, qui réclame – avec quatre autres syndicats – le retrait pur et simple du projet.
La section de la CGT au sein du gestionnaire du réseau électrique à haute tension RTE a par ailleurs revendiqué dans la soirée des coupures d’électricité volontaires qui ont laissé des dizaines de milliers de foyers sans courant à travers la France. 2.000 foyers ont pour leur part été privés d’électricité à Paris du fait d’actes de "malveillance" sur des postes d’alimentation le long du tracé de la manifestation dans la capitale, selon le distributeur Enedis.
Pour la première fois depuis le début du mouvement, qui s’accompagne d’une grève illimitée qui paralyse les transports publics depuis 13 jours, les manifestants ont défilé à l’appel de l’ensemble des syndicats, jusqu’aux plus réformateurs comme la CFDT, avec laquelle le président Emmanuel Macron pouvait espérer faire adopter cette réforme visant à fusionner les 42 régimes de retraite existants dans un système à points.
Le 5 décembre, au premier jour de cette mobilisation, le ministère de l’Intérieur avait dénombré 806.000 manifestants, et la CGT en avait annoncé 1,5 million.
Cheminots, enseignants, fonctionnaires, avocats, magistrats…: les opposants au nouveau système universel de retraites, projet emblématique de la présidence Macron, ont défilé pour faire céder un gouvernement affaibli par la démission, lundi, du maître d’oeuvre de la réforme, Jean-Paul Delevoye, soupçonné de conflit d’intérêt depuis des révélations dans la presse sur des activités non déclarées.
Les leaders politiques Jean-Luc Mélenchon (gauche radicale), Olivier Faure (Parti socialiste) et Julien Bayou (écologiste) ont appelé mardi le gouvernement à retirer sa réforme.
Mobilisation CFDT
Premier syndicat de France, réformiste et favorable au principe d’une réforme du système de retraites, la CFDT s’est cette fois mobilisée en soulignant que la mise en place d’un "âge d’équilibre" (64 ans en 2027), annoncée par le Premier ministre Edouard Philippe il y a une semaine, constituait "une ligne rouge".
Cette mesure vise à maintenir l’équilibre financier du système, chacun pouvant continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais avec un malus sur sa pension et un bonus pour ceux partant après.
"Il faut que tous ceux qui portent une réforme juste et équitable soient dans la rue pour montrer que nous ne voulons pas de cet âge d’équilibre qui est terriblement injuste, qui va concerner d’abord ceux qui ont commencé à travailler tôt", a déclaré le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, présent au début du rassemblement à Paris.
Alors que les manifestants défilaient à travers la France, le Premier ministre Édouard Philippe a affirmé sa "détermination totale" à mener à bien la réforme.
Il doit recevoir les organisations syndicales et patronales mercredi et jeudi.
La retraite est un sujet éminemment sensible en France, la population restant attachée à un système par répartition jusqu’à présent réputé comme étant parmi plus protecteurs au monde. Les détracteurs du projet comptent sur la relative impopularité du président Macron pour sortir victorieux du conflit et sur le contexte très tendu depuis la mobilisation depuis plus d’un an du mouvement social des "gilets jaunes", mais aussi sur les mécontentements exacerbés dans les hôpitaux, parmi les étudiants, les policiers, les agriculteurs.
A quelques jours des congés de fin d’année, la grève illimitée, notamment dans le métro parisien et les chemins de fer, s’est poursuivie mardi.
Mercredi, le trafic SNCF sera de nouveau "fortement perturbé". Quant au métro parisien, la moitié des lignes en seront encore fermées, a annoncé la direction.
Concernant les coupures d’électricité, la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne a condamné des "faits inadmissibles, qui (…) n’ont rien à voir avec l’exercice du droit de grève", et a souligné que les entreprises concernées portaient plainte.
La maire de Paris Anne Hidalgo a de son côté réclamé des indemnisations pour les commerçants de la capitale, dont l’activité pâtit du mouvement de grève dans les transports publics.