La "liste noire" du Président comprend deux "poids lourds" de l’antenne, connus comme étant ses opposants notoires : Laurent Ruquier et Patrick Sébastien. Le premier n’a jamais fait mystère de ses engagements à gauche. Le second, forte tête incontrôlable, est allé jusqu’à fonder, fin mars, son mouvement politique, le Dard (Droit au respect et à la dignité), avant de le dissoudre le 24 juin. L’animateur avait affirmé avoir subi des pressions.
Zemmour dans le collimateur
Nicolas Sarkozy ne veut également plus de Guillaume Durand, dont l’amitié ancienne avec Dominique de Villepin nourrirait l’animosité du Président. Franz-Olivier Giesbert, directeur du Point, est aussi dans le collimateur. Enfin, on compte sur cette liste le polémiste Éric Zemmour, dont l’Élysée souhaiterait qu’il cesse de tirer sur tout ce qui bouge, et notamment sur Nicolas Sarkozy, du haut de sa tribune chez Laurent Ruquier.
Naturellement, il n’a jamais été dans l’intention de Patrick de Carolis de se soumettre aux injonctions présidentielles. Mieux : Patrice Duhamel, patron des programmes du groupe, a résisté aux pressions en accordant à Laurent Ruquier une seconde émission d’humour, sur France 2, à 18 heures. Il s’agira, cette fois, de découvrir de nouveaux talents comiques, comme autrefois Le Petit Théâtre de Bouvard.
Les favoris du Président
À l’opposé, d’autres animateurs ont les faveurs du pouvoir, lequel souhaiterait qu’il leur soit accordé plus de place sur les grilles de France Télévisions. Il s’agit de Patrick Sabatier, ami de longue date du Président, de Daniela Lumbroso, des frères Bogdanoff, de Didier Barbelivien (associé dans la production à Mémé Ibach)…
Rien ne dit que Rémy Pflimlin, nouveau pdg de France Télévisions choisi par Nicolas Sarkozy, réponde complètement aux voeux du Président. Il a toujours su faire preuve de beaucoup d’habileté. Même doté des meilleures intentions, il doit cependant composer avec une tutelle qui peut décider, à tout moment, de réduire sa dotation financière et, ainsi, de compromettre ses projets. Le président de la République dispose également d’un pouvoir de révocation pour "faute grave". Scénario tout de même très improbable compte tenu du scandale que cela déclencherait, y compris au sein de la majorité présidentielle. Rémy Pflimlin, qui a juré de préserver "l’indépendance" du groupe, marche, comme on le voit, sur une poudrière à moins de deux ans de la présidentielle…