Zakaria Fahim: « Nous devons créer une triangulaire France-Maroc-Afrique afin de développer l’entreprenariat et l’investissement en Afrique »
Le président de HUB Africa Zakaria FAHIM nous livre lors de notre rencontre son analyse sur les atouts du royaume et les opportunités de partenariats entre la France et le Maroc concernant le marché africain, ainsi que sa vision sur les atouts dont recèlent le continent africain.
Propos recueillis par Ghizlaine Badri
Le Maroc est un Hub pour l’Afrique car le Royaume a mis en place tous les ingrédients et les instruments nécessaires à ceux qui veulent se rendre sur les marchés du continent africain. Le Maroc a su développer une capacité d’adaptation en Afrique Sub-Saharienne depuis de nombreuses années qui lui octroie une certaine légitimité pour aborder ses voisins africains. Nous avons des locomotives puissantes qui nous permettent d’aborder le continent, le CFC (Casablanca Finance City) est le premier centre financier en Afrique juste après celui de Johannesburg et l’Ile Maurice. La RAM est la compagnie aérienne qui a le plus de destinations en Afrique. Nous avons également un des instruments incontournables en Afrique qui est la bancarisation à travers nos banques marocaines qui sont leaders en Afrique pour ne citer qu’Attijari WafaBank et la BMCE, et qui ont la possibilité d’offrir les garanties nécessaires à un jeune entrepreneur.
Comment accompagner les jeunes entrepreneurs dans leur implantation africaine ?
Aujourd’hui, l’investisseur marocain a beaucoup d’atouts. Nous avons un Roi qui a beaucoup contribué à ouvrir les portes des marchés qui étaient jusque là inaccessible. Par rapport à la France, nous avons moins de conventions applicables mais nous avons créé des liens et une passerelle qui nous permet d’aller de l’avant. La France, à travers son histoire, a pu obtenir de grands avantages fiscaux dans certains pays francophones, même si la Chine l’a aujourd’hui devancé. Cela étant, Il faut dire que le Maroc a fait un pas de géant et réussi à tisser un deal gagnant-gagnant avec les pays sub-sahariens. Dans la partie anglophone, la France y est présente. Il existe là une réelle complémentarité et une triangulaire intéressante et intelligente à réaliser. Les grands groupes n’ont pas besoin d’accompagnement spécifique mais les PME ont cette obligation de réussir et vite. Nous offrons dans ce cadre avec Hub Africa des outils d’intelligence économique en allant étudier de plus près les différents marchés afin de leur donner les clés nécessaires pour pénétrer le marché africain.
Quelles sont les nouvelles tendances et quels sont les marchés porteurs ?
Le Maroc vient de demander d’intégrer la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) après le retour triomphal au sein de l’Union Africaine il y a deux mois. Ce qui est intéressant à analyser, c’est ce cheminement que le Maroc a fait avec certains pays. Nous avons bien saisi l’importance de parler économie et de s’inscrire dans une vision à long terme. Nous avons monté une usine d’engrais au Nigeria qui approvisionne toute la région. Avec l’Ethiopie, nous avons réalisé un projet de grande envergure pour soutenir l’agriculture. Le Maroc a compris tous les enjeux de cette approche socio-économique qui est fondamentale et basée sur le « Win-win », un deal gagnant-gagnant. Nous avons réussi aujourd’hui des partenariats. Nous en avons avec le premier centre de l’assurance à Madagascar et nous avons tissé d’étroites relations avec le Rwanda. Par ailleurs, le CFC est passé premier centre financier devant Johannesburg et l’île Maurice et Tanger Med est la 17ème plateforme logistique dans le monde, avec le solaire, nous allons avoir la première plateforme mondial.
C’est l’ensemble de ces éléments qui nous donne une visibilité au niveau des radars mondiaux. Nous avons l’agriculture, les infrastructures, l’immobilier avec le logement social, et tout le savoir faire dans l’industrie automobile adossé à un éco-système. Sur la partie éducation et santé, nous avons mis en place des outils novateurs. Le Maroc est sur la bonne voie, pour reprendre la phrase du roi Mohamed VI le 31 janvier 2017 à Addis Abbeba "Il est beau le jour ou l’on rentre chez soi.