Visite surprise de Macron en Arabie pour faire baisser la tension avec l’Iran

Le président français Emmanuel Macron a annoncé qu’il se rendait jeudi soir à Ryad pour une visite surprise visant notamment à faire baisser la tension entre l’Arabie saoudite et l’Iran.

Le chef de l’Etat devait faire un déplacement de "deux heures" à Ryad afin de s’entretenir avec le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme l’homme fort d’Arabie saoudite.

M. Macron a fait cette annonce inattendue à Dubaï où il a terminé une visite de 24 heures aux Emirats arabes unis.

La décision "a été prise tôt ce matin", a expliqué le président. "Il est important de parler avec tout le monde", a-t-il souligné, ajoutant que la France avait un rôle "pour construire la paix".

Il a indiqué qu’il entendait discuter avec le prince héritier saoudien de l’Iran, du Yémen et du Liban, dont le Premier ministre Saad Hariri a brutalement annoncé sa démission samedi à Ryad.

Depuis le week-end dernier, le ton est encore monté entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Au coeur des nouvelles tensions, le sort du Liban mais aussi du Yémen, en proie à un conflit meurtrier où les deux poids lourds du Moyen-Orient soutiennent des camps opposés. Ce pays de la péninsule arabique est le théâtre de la pire crise humanitaire de la planète, selon l’ONU.

"J’ai entendu des positions très dures" exprimées par l’Arabie saoudite "vis-à-vis de l’Iran qui ne sont pas conformes à ce que je pense", a précisé M. Macron.

Or, a-t-il ajouté, "il me semble primordial de travailler avec l’Arabie Saoudite sur la stabilité régionale, compte tenu des relations bilatérales étroites que nous entretenons".

‘Convaincre’

M. Macron veut aussi préserver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, par lequel Téhéran s’est engagé à ne pas se doter de l’arme atomique en échange d’une levée des sanctions économiques. Cet accord a déjà été fragilisé par sa remise en cause par le président américain Donald Trump, proche du roi Salmane d’Arabie saoudite et de son fils, le prince Mohammed.

Cet accord "doit être préservé" mais "complété avec deux piliers, une négociation sur l’activité balistique de l’Iran, avec des sanctions si besoin, et une discussion stratégique encadrant l’hégémonie iranienne dans toute la région", a précisé M. Macron.

"Je m’emploierai à convaincre tous ceux qui veulent remettre en cause l’accord de 2015, nos partenaires américains et le voisin saoudien".

M. Macron a par ailleurs qualifié de "très fructueuse" sa visite aux Emirats, son premier déplacement au Moyen-Orient depuis son élection. Il a notamment inauguré le Louvre Abu Dhabi, premier "musée universel" dans le monde arabe présenté comme un pont entre les différentes cultures, civilisations et religions.

M. Macron a qualifié les Emirats de "partenaire essentiel" de la France, notamment dans le domaine de la défense, se félicitant de leur décision d’acquérir deux corvettes construites par le groupe Naval Group.

Bien qu’éloignée de 6.000 km, la France entretient une "coopération opérationnelle de très haut niveau" avec l’Etat des Emirats qui participe depuis 2014 à la coalition internationale anti-EI et mène aussi une politique de "tolérance zéro" sur son territoire à l’égard des islamistes.

M. Macron a ainsi rendu visite aux plus de 700 soldats français stationnés aux Emirats, dont certains participent aux opérations en Irak et en Syrie.

"Nous avons gagné à Raqa", "cette ville d’où les attentats" ayant fait 130 morts à Paris le 13 novembre 2015 "avaient été planifiés, organisés, dirigés", a déclaré M. Macron devant les troupes.

"Et les prochaines semaines et les prochains mois nous permettront, je le crois profondément, de gagner complètement sur le plan militaire dans la zone irako-syrienne", a ajouté M. Macron.

"Mais il n’en sera pas terminé pour autant de ce combat. La stabilisation dans la durée, la lutte contre tous les groupes terroristes résiduels seront d’indispensables compléments à la solution politique inclusive, plurielle, que nous voulons voir émerger dans la région", a dit le président français.

Le chef de l’Etat français a averti qu’au-delà de la Syrie et de l’Irak, "dans plusieurs endroits de la corne de l’Afrique au Golfe, en passant par l’Asie du sud-est et la bande sahélo-saharienne, nombreux sont encore les lieux où ce combat restera pour les années qui viennent un combat aussi militaire".

Séparément, Mme Macron a visité jeudi l’immense mosquée cheikh Zayed, à Abou Dhabi, portant pour l’occasion un foulard sur ses cheveux. (afp)

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