Turquie: 5 journalistes condamnés à de la prison ferme pour « propagande terroriste »

Cinq journalistes, dont un ancien correspondant de Libération en Turquie, ont été condamnés mardi à de la prison ferme pour « propagande terroriste » par un tribunal d’Istanbul, a rapporté l’agence privée Dogan.

Les journalistes Ragip Duran et Ayse Düzkan et les éditorialistes Mehmet Ali Celebi et Hüseyin Bektas ont été condamnés à un an et demi de prison pour avoir participé à une campagne de solidarité avec Özgür Gündem, un quotidien pro-kurde fermé par décret-loi en octobre 2016.

Le rédacteur en chef du quotidien, Hüseyin Akyol, a lui été condamné à 3 ans et 9 mois d’emprisonnement, poursuit Dogan, selon qui le tribunal leur a reproché de ne pas avoir "montré assez de remords" au cours du procès.

Les cinq accusés, qui comparaissaient libres mais n’étaient pas présents au tribunal mardi, étaient poursuivis pour "propagande terroriste" en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

Distingué par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, Ragip Duran a longtemps été correspondant du quotidien français Libération à Istanbul, mais a également collaboré avec l’Agence France-Presse, la BBC et plusieurs quotidiens turcs. Il a passé sept mois derrière les barreaux en 1998, déjà accusé de "propagande terroriste" pour un article publié dans Özgür Gündem.

La Société des journalistes et du personnel de Libération a fermement dénoncé ce qu’elle qualifie de "jugement inique".

"Sa lourde condamnation est une illustration supplémentaire de l’état catastrophique de la liberté de la presse en Turquie", affirme le texte, publié sur Facebook.

La présence de nombreux journalistes parmi les plus de 55.000 personnes incarcérées depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016 inquiète les partenaires occidentaux de la Turquie, pays qui occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF).

M. Duran a quitté la Turquie avec sa famille "pour fuir la répression qui s’est abattue sur le pays après le coup d’Etat manqué", selon Libération, "et risque d’être incarcéré s’il tente de rentrer dans son pays".

RSF dénonce "une volonté d’intimider la société civile" alors que "la campagne de solidarité avec Özgür Gündem avait pour but de défendre le pluralisme et la liberté de la presse", déclare dans un communiqué Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Le représentant en Turquie de l’ONG est également poursuivi du fait de sa participation à la campagne de solidarité avec le quotidien kurde.

Les cinq accusés restent en liberté en attendant le verdict en appel, précise RSF, estimant que cela peut prendre quelques mois. (afp)

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