Chronique: C’est l’histoire d’un leader politique et d’une influenceuse. L’histoire d’une rencontre improbable, en tout bien tout honneur. La rencontre de deux mondes parallèles que plus rien ne sépare désormais à l’approche d’un rendez-vous électoral.
Tout commence avec le podcast de l’influenceuse où elle annonce sa ferme intention de se présenter aux prochaines élections législatives. Elle explique longuement le pourquoi du comment.
Au commencement, elle voulait créer un parti, pour faire de la politique autrement. Un argument usé jusqu’à la corde, ses prédécesseurs, fondateurs de nouvelles formations politiques, ayant tous avancé exactement le même argument : « Faire de la politique autrement ». C’est comme une publicité de vendeur de lessive qui assure, main sur le cœur, que les ménagères feront désormais de la lessive autrement grâce à ce détergent magique.
Mais revenons à notre influenceuse qui explique aux influencés impénitents que nous sommes qu’elle ne créera finalement pas son parti. Qu’elle ne sera pas cette cheffe qui fera de la politique autrement. Non pas qu’elle n’en a plus l’ambition ou, pire, les capacités. Que nenni. Elle a été, dit-elle, confrontée à la dure réalité de ce qu’elle a appelé « les ressources humaines ». Bref, elle a vite compris –et c’est tant mieux pour tout le monde- que sans militants, il n’y a pas de parti.
De guerre lasse –les militants ne sont plus ce qu’ils étaient et ne croient plus au détergent magique- l’influenceuse se fait plus modeste et annonce qu’elle se présente aux élections législatives de 2026. Et parce qu’elle n’est pas femme à renoncer, elle fera de la politique autrement sous la coupole du parlement et même en tant que ministre, nous dit-elle. Elle n’a pas encore choisi la famille politique qu’elle honorera de son adhésion.
« Peut-être le PPS ,» lâche-t-elle , histoire d’ouvrir les enchères. Ce n’est pas un engagement ni un contrat, pas même une promesse. Mais cela a été suffisant pour que le Secrétaire général du PPS , aussi rapide qu’un community manager zélé, se fende d’un post sur les réseaux sociaux pour dire toute la fierté de son parti d’accueillir l’influenceuse qui veut être députée et pourquoi pas ministre.
Il n’y a pas eu de demande d’adhésion. De rencontre informelle ou formelle entre le leader et l’influenceuse. De discussions dites exploratoires sur les idées défendues par l’une et l’autre. Ou encore une explication sur les droits et devoirs d’un(e) militant(e) partisan(e). Une sorte de mise au point sur la vraie vie dans un parti et la vie d’influenceuse ou influenceur.
Les temps numériques ne sont pas ceux politiques. Et notre leader a choisi de s’y faire en adoptant les codes et les règles de ce nouveau monde. Bientôt les militants seront des influenceurs. Les tracts se feront post. Les slogans seront remplacés par des émoticones. Finie la langue de bois propre aux discours politiques. Place aux clash, live et podcasts sans filtre : 40 secondes non pas pour convaincre mais pour avoir le plus de clic et « like » possible. A défaut de bulletin dans l’urne.
