Tariq Ramadan reste en prison

La nouvelle demande de remise en liberté de Tariq Ramadan, accusé de viols, a été rejetée par la justice en raison de nouveaux éléments à charge.

Les juges d’instruction ont refusé, mardi, la troisième demande de mise en liberté de Tariq Ramadan après une expertise informatique à charge pour l’intellectuel musulman, incarcéré depuis sept mois en France pour deux viols qu’il conteste, a appris mercredi l’Agence France-Presse de sources concordantes. La version du théologien suisse de 56 ans, qui niait toute relation sexuelle avec deux plaignantes, est contredite par cette expertise de son téléphone et de son ordinateur remise lundi aux magistrats, selon une source proche du dossier, qui a confirmé des informations du Muslim Post.

Après le refus des juges d’instruction, un juge des libertés et de la détention doit encore se prononcer dans les trois jours sur cette demande de l’intellectuel. Tariq Ramadan, qui souffre d’une sclérose en plaques dont le traitement a été jugé administrable en prison réclame un placement sous contrôle judiciaire avec remise de son passeport suisse et une caution préalable de 300 000 euros.

399 SMS échangés entre les deux

Les magistrats ont notamment découvert dans son téléphone 399 SMS échangés entre « Christelle » et Tariq Ramadan du 31 août au 15 décembre 2009. Ces messages, dont l’Agence France-Presse a pris connaissance, contredisent la version encore défendue la semaine dernière par l’intellectuel, qui niait toute relation sexuelle avec ces deux femmes.

Confronté le 18 septembre pendant huit heures à « Christelle » dans le bureau des juges, Tariq Ramadan n’avait reconnu à nouveau qu’un « jeu de séduction », réaffirmant n’avoir bu qu’un verre avec cette « mythomane » au bar de l’hôtel. Mais les SMS exhumés du vieux téléphone de « Christelle » témoignent au contraire d’un premier rendez-vous planifié et explicite sur son objectif. Dans les messages, Tariq Ramadan y détaillait à l’avance ses fantasmes sexuels violents et dominateurs, qui concordent avec la description du viol faite par « Christelle » aux enquêteurs. « Désolé pour ma violence », lui dit-il le lendemain dans un de ses 255 messages. « Tu n’as pas aimé… je suis désolé », écrit-il plus tard.

C’est un tournant majeur, c’est le système Ramadan qui est mis au jour », a réagi l’avocat de « Christelle », Me Éric Morain. « La relation sexuelle était annoncée, il n’y a pas de surprise, mais on voit bien qu’elle a été pour partie non consentie », a-t-il estimé auprès de l’Agence France-Presse, dénonçant les « calomnies » et les « insultes » contre sa cliente depuis un an.

L’horodatage des 144 SMS envoyés par « Christelle » n’ayant pas été retrouvé, l’enquête devra reconstituer le fil des conversations, où sont évoqués aussi des menaces et les contacts que « Christelle » aurait noués à cette période avec des adversaires de l’islamologue. Dans un de ces messages non datés, « Christelle » écrit : « Tu m’as manqué dès que j’ai passé la porte. » Et dans un autre : « Si je passais un mauvais moment je serais partie. » « La vraie question est de savoir s’il y a eu viol, et ces messages de la partie civile disent clairement non », a commenté l’avocat de Tariq Ramadan, Me Emmanuel Marsigny.

Tariq Ramadan a reconnu des rapports fougueux, de domination

Confronté en juillet et en septembre à ses accusatrices dans le bureau des juges, Tariq Ramadan, qui « a reconnu des relations extraconjugales consenties et des rapports fougueux, de domination » avec d’anciennes maîtresses, avait réaffirmé n’avoir jamais entretenu de tels rapports avec les plaignantes. Figure influente et controversée de l’islam francophone, Tariq Ramadan est accusé de viols depuis octobre 2017 par Henda Ayari, une ancienne salafiste devenue militante laïque, et par une femme surnommée « Christelle » dans les médias.

« M. Tariq Ramadan a maintenu sa position, fermement : il n’a jamais eu de relations sexuelles avec cette plaignante », avait déclaré Me Emmanuel Marsigny à la sortie d’une confrontation de plus de huit heures avec « Christelle » le 18 septembre au tribunal de Paris. En Suisse, Tariq Ramadan est également visé par une instruction pour viol, ouverte mi-septembre à Genève après une plainte d’une femme déposée en avril.

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