De mère irlandaise et de père libyen, comme sorti d’un film hollywoodien, il utilise en plein désert les ruses apprises à la chasse pour libérer Zawiyah, sa ville, aux portes de Tripoli.
Vendredi soir, les rebelles ont annoncé avoir pris le contrô le de Zawiyah, à 40 km de la capitale libyenne. Mais les tirs de roquettes continuent à partir d’une forêt proche et rien ne semble indiquer que tous les francs-tireurs ont été neutralisés.
"Nous en avons tué quatre la nuit dernière et deux la nuit d’avant", affirme à l’AFP Tareg.
Il se repose en compagnie de ses camarades rebelles sous un pont et nettoie des armes en attendant la prochaine alerte sur la présence de snipers.
Tareg est disposé à révéler certaines des ruses qu’il utilise avec son équipe de huit hommes pour repérer les francs-tireurs autour de la ville, mais "pas les nouvelles astuces".
"Des informateurs nous signalent la présence d’un sniper dans un lieu donné, nous nous rendons sur place et observons pendant plusieurs jours. Puis nous recourons à la ruse", dit-il.
"La nuit, la tâche est plus facile", explique Tareg. "Nous attachons une torche à un chien et lorsqu’il traverse la rue, nous repérons d’où viennent les tirs du sniper. C’est comme ça qu’on a attrapé le dernier."
"Ou alors nous traversons nous-mêmes la rue pour attirer leurs tirs", poursuit l’adolescent.
"Le temps le plus long qu’on ait attendu pour attraper un sniper, c’était huit heures. Nous ne sommes pas des SEALS (forces d’élite de la marine américaine), nous avons juste de la chance", lance-t-il.
De la chance, et une expérience acquise à la chasse, un de ses loisirs favoris.
"Beaucoup d’entre nous sont des chasseurs et manient bien le fusil. La plupart du gibier est tué soit d’une balle dans le coeur ou dans la tête", se rengorge-t-il.
Mais ces chasseurs traquent aujourd’hui un ennemi humain, mieux entraîné et équipé.
Pour Tareg, la plupart des snipers sont des mercenaires étrangers que le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis quatre décennies, a dû "acheter" en raison de son manque de popularité.
"Il y a deux jours, nous avons capturé une sniper nigérienne, elle était géniale", raconte-t-il.
"Elle est retenue dans une prison secrète, avec d’autres que nous avons capturés. Je ne sais pas où elle a été entraînée, elle est vraiment très intelligente".
Il propose de montrer les prisonniers, mais affirme qu’ils ne peuvent pas être photographiés car cela représenterait une violation de la Convention de Genève.
Tareg ressent toutefois peu de pitié à l’égard des combattants du colonel Kadhafi qu’il accuse d’avoir tué son oncle à la sortie d’une mosquée après la prière.
"Ils ont même bombardé le cimetière parce que c’est là où sont enterrés nos martyrs", assure-t-il au moment où le corps d’un combattant africain pro-Kadhafi est transporté à bord d’une camionnette de rebelles.
"J’ai un passeport britannique mais ça ne voudra rien dire s’ils m’attrapent", dit-il, refusant d’être photographié. "J’ai encore des proches en prison", explique-t-il.
Les combats avaient repris le 12 août à Zawiyah, une ville à 40 km de Tripoli que les rebelles contrô lent depuis vendredi soir après avoir pris la place centrale, principale poche de résistance des pro-Kadhafi, et l’hô pital, le dernier grand bâtiment occupé par les forces fidèles au régime.
Tareg pense déjà à la fin du conflit, pour pouvoir prendre des vacances, "peut-être dans les Caraïbes".
Par Charles ONIANS (AFP)