Sébastien Lecornu reconduit comme Premier Ministre
Le 10 octobre 2025, Emmanuel Macron a reconduit Sébastien Lecornu comme Premier ministre, quatre jours après sa démission, le chargeant de constituer un nouveau gouvernement pour voter un budget avant fin 2025 et sortir de la crise politique.
Sébastien Lecornu, démissionnaire le 6 octobre 2025 pour débloquer la situation politique, est reconduit à Matignon le soir du 10 octobre. Cette reconduction intervient après des consultations de Lecornu avec plusieurs partis, à l’exception du Rassemblement National (RN) et de La France Insoumise (LFI), qui n’ont pas été conviés aux rencontres de l’Élysée. Le RN de Jordan Bardella s’est félicité de cette exclusion : « Nous nous honorons de ne pas y être invités : nous ne sommes pas à vendre aux macronistes ».
Dans un message posté sur X, Lecornu a justifié son choix : « J’accepte – par devoir – la mission que me confie le Président de la République de tout faire pour donner un budget à la France pour la fin de l’année et de répondre aux difficultés de la vie quotidienne de nos compatriotes. Il faut sortir de cette crise politique qui irrite les Français et de cette instabilité néfaste à l’image de la France et à ses intérêts. » Il a souligné l’importance de tirer les enseignements des dernières semaines pour constituer une équipe gouvernementale viable.
Lecornu a fixé quatre conditions pour cette mission:
- Premièrement, tous les dossiers examinés lors des consultations récentes seront soumis au débat parlementaire, les députés et sénateurs assumant pleinement leurs responsabilités jusqu’à leur terme.
- Deuxièmement, le redressement des comptes publics est un impératif de souveraineté et d’avenir pour le pays, il n’y a pas d’alternative.
- Troisièmement, il a affirmé : « Toutes les ambitions sont légitimes et utiles, mais celles et ceux qui entreront au Gouvernement devront se débrancher des ambitions présidentielles pour 2027 », une référence possible à des personnalités comme Édouard Philippe, Gabriel Attal ou Bruno Retailleau, souvent cités pour 2027.
- Quatrièmement, la nouvelle équipe doit être le visage du renouveau et de la diversité des compétences, avec une composition qui devrait être annoncée dans les prochaines heures.
Les réactions ont été immédiates et virulentes de ces partis. Jean-Luc Mélenchon, fondateur de LFI, a réagi sur X : « À chaque tour de manège le pompon est au même endroit. Ceux qui ont servi de théâtre à cette farce en sont pour la honte. Macron ne sait faire que du Macron. »
Jordan Bardella, président du RN, a dénoncé « une mauvaise blague, une honte démocratique, une humiliation pour les Français », annonçant une motion de censure immédiate contre ce gouvernement ayant « peur de la dissolution, c’est-à-dire du peuple ». Marine Le Pen déclare que « la censure s’impose et la dissolution est plus que jamais incontournable ».
Chez les Républicains, les députés se retrouveront samedi matin à 8h30 avec Bruno Retailleau, reconduit à l’Intérieur, pour évoquer une éventuelle participation ministérielle. Cette reconduction intervient alors que l’Assemblée nationale doit se prononcer sur le budget 2025 d’ici le 31 décembre, avec des enjeux sur le déficit public et les réformes sociales.
À gauche, Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée Nationale déclare « Jamais un Président n’aura autant gouverné par le dégoût et la colère. ». Elle surenchérit: « Macron repousse misérablement l’inévitable : son départ ». Panot propose aux députés de gauche de « signer une motion de censure immédiate et une nouvelle motion de destitution du Président de la République ».
L’article 49 de la constitution dispose que 289 députés sont nécessaires afin de censurer un gouvernement. Au vu du des déclarations des partis de gauche et de droite, il est fort probable que Sébastien Lecornu subisse le même sort que ses deux prédécesseurs.
