Saad Hariri a bien échappé à un attentat

Liban . L’ancien Premier ministre, dans le viseur de Damas, se réfugie depuis deux mois à Paris.

C’est une voiture piégée qui visait, semble-t-il, l’ex-Premier ministre libanais Saad Hariri sur le chemin de l’aéroport de Beyrouth et l’a incité à venir se réfugier à Paris, où il séjourne depuis plus de deux mois (Libération du 17 mai). La date exacte de la tentative d’attentat n’est pas connue, le fils de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, lui-même tué en février 2005 dans l’explosion d’une camionnette piégée, se refusant à toute déclaration sur ce sujet. Depuis, les services secrets américains, qui auraient détecté la tentative d’attentat, et, dans une moindre mesure, saoudiens lui ont vivement conseillé de ne pas regagner son pays, estimant que sa vie était réellement en danger.

«Surveillance». «Lorsque Damas a accusé le Courant du futur [le parti de Saad Hariri, ndlr] d’encourager la révolte en Syrie et même de fournir des armes aux insurgés, il était évident que cela équivalait à une condamnation à mort à l’encontre de son chef», souligne-t-on dans son entourage. Vendredi, le secrétaire général du Courant du futur, Ahmed Hariri, a indiqué avoir eu des informations selon lesquelles les déplacements de Hariri faisaient l’objet «de surveillance étroite» des agences de sécurité libanaises. «On avait conseillé à Rafic Hariri de quitter le Liban, et c’est ce qui arrive aujourd’hui avec Saad Hariri, bien que ce à quoi nous assistons à présent soit pire», a-t-il ajouté lors d’une interview au quotidien saoudien As-Sharq al-Awsat.

A Paris, le Quai d’Orsay a reconnu de façon implicite que des menaces pesaient sur la vie de l’ancien Premier ministre. «De manière générale, la position constante de la France est que la sécurité de M. Hariri comme celle de tout autre responsable politique libanais, comme celle du Liban tout entier, est une priorité de la France», a tenu à préciser le porte-parole du ministère, Bernard Valero.

La longue absence de Saad Hariri n’est pas sans poser problème à l’opposition libanaise, qui n’a désormais plus de chef à un moment crucial – révolte dans la Syrie voisine avec d’inévitables répercussions au Liban, affrontements armés à Tripoli (nord du pays), qui ont fait sept morts ces derniers jours, attentat fin mai contre la Finul dans le sud… A des membres du Courant du futur venus récemment à Paris lui demander de rentrer à Beyrouth, l’un de ses proches conseillers a répondu : pas question, à moins que vous ne trouviez «un clone» pour prendre sa place.

Enquête. Saad Hariri avait dû céder son poste de Premier ministre le 12 janvier, le Hezbollah et ses alliés ayant retiré leurs ministres du cabinet d’union qu’il présidait sur fond de tensions liées au tribunal de l’ONU en charge de l’enquête sur l’assassinat de son père. Le nouveau Premier ministre, Najib Mikati, gouverne le pays avec l’appui du Hezbollah, allié de Damas et suspecté d’avoir participé avec le régime syrien à l’attentat contre Rafic Hariri. Le Parti de Dieu et ses alliés disposent de 18 des 30 portefeuilles.

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