Retraites : tous les syndicats dans la rue avant des réunions cruciales à Matignon

La mobilisation contre la réforme des retraites pourrait atteindre un sommet mardi dans la rue, à l’appel cette fois de tous les syndicats, invités dès le lendemain à Matignon pour des discussions afin de trouver le chemin d’une sortie de crise avant Noël.

Trafic SNCF et RATP encore très perturbé, bouchons sur les routes: au 13e jour de la grève illimitée contre la réforme des retraites, il est toujours aussi difficile de se déplacer.

Côté SNCF, qui s’apprête à présenter un plan de transport réduit pour le premier week-end des vacances, trois TER sur dix, un Transilien sur cinq et un TGV sur quatre circulent.

"Les consignes de dissuasion ont bien fonctionné en Ile-de-France, la gare de Paris Nord est très calme", a indiqué un porte-parole de la SNCF à l’AFP.

A Strasbourg, la gare était également très calme, presque déserte, a constaté une journaliste de l’AFP.

Clément Lefèbvre, 20 ans, attendait dans le hall avec sa mère le train de 6H47 pour la capitale. "À Paris, je vais devoir marcher de la gare de l’Est à Courbevoie, il y en a pour 1H30", prévoit cet étudiant en journalisme. "J’ai fait comme ça toute la semaine dernière. Ce sont les examens cette semaine, il faut s’arranger pour être à l’heure", ajoute-t-il, racontant que des camarades de promo ont dû réserver des hôtels.

En Ile-de-France, un RER A sur deux et un RER B sur trois circulent, uniquement aux heures de pointe. De bon matin, sur la ligne A, un conducteur salue très aimablement les passagers et tente de les faire sourire: "ne courez-pas, je ne partirai pas sans vous!".

Huit lignes de métro sont totalement fermées et seulement 30% des liaisons en bus sont assurées.

Sur les routes franciliennes, les bouchons s’accumulent (environ 310 kilomètres à 07H50) mais s’approchent d’un niveau habituel.

Par ailleurs, les compagnies aériennes ont dû réduire de 20% leur programme de vols au départ et à l’arrivée de l’aéroport d’Orly, à la demande de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).

– "Appuyer sur le bouton +stop+" –

Les salariés du public et du privé sont attendus en nombre dans les cortèges en cette nouvelle journée interprofessionnelle de protestation contre l’instauration d’un système universel de retraites par points.

La démonstration de force du 5 décembre (806.000 manifestants selon le ministère de l’Intérieur), au premier jour du conflit, servira de référence, davantage que la mobilisation en net repli d’il y a une semaine (339.000 pour la place Beauvau).

Une donnée pourrait affoler les compteurs: la présence de tous les syndicats dans les manifestations, à Paris – entre République et Nation – comme en régions.

Les cortèges verront défiler cheminots, enseignants, fonctionnaires, avocats, magistrats en grève… Mais aussi des internes, médecins et soignants mobilisés dans toute la France pour réclamer davantage de moyens pour l’hôpital.

La CGT, Force ouvrière, la CFE-CFC, Solidaires et la FSU marcheront pour réclamer le retrait pur et simple du projet, en essayant de profiter des difficultés de l’exécutif. Le gouvernement est en effet fragilisé par la démission lundi de son haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, après une semaine de révélations sur ses activités et mandats non déclarés.

"J’espère qu’on sera enfin entendus, que le gouvernement va finir par comprendre qu’il faut appuyer sur le bouton +stop+", a souligné lundi Yves Veyrier, le numéro un de FO, organisation qui participera mardi soir à une intersyndicale pour décider de la suite du mouvement. La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a déjà répondu: la réforme, "nous ne la retirerons pas".

Dans les mêmes cortèges mais derrière leurs propres banderoles, les organisations du camp réformiste, la CFDT, la CFTC et l’Unsa, défileront pour améliorer le contenu du projet de fusion des 42 régimes existants en un système universel. Et surtout pour refuser l’introduction dès 2022 d’un "âge d’équilibre" qui doit atteindre 64 ans en 2027 afin d’encourager, grâce à un dispositif de bonus-malus, l’allongement des cotisations et ainsi garantir l’équilibre des comptes.

Même privé de son "Monsieur retraites" – son remplacement doit intervenir "dans les meilleurs délais", selon l’Elysée -, l’exécutif semble vouloir aller de l’avant pour éviter que la contestation ne s’installe durablement dans les rangs réformistes.

Dans la foulée de la journée de mobilisation, Edouard Philippe compte recevoir les organisations syndicales et patronales représentatives pour des réunions bilatérales mercredi à partir de 14H30, suivies d’une "multilatérale" jeudi à 16H00.

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