Rama Yade quitte l’UNESCO et prend le maquis

On l’imagine prendre sa plus belle plume, écrire une jolie lettre de démission adressée à Nicolas Sarkozy en personne. Rama Yade ambassadrice de France à l’Unesco y a mis sans doute un cocktail assez dosé d’allégeance, de reconnaissance et d’amertume de se voir ainsi traitée. La posture épistolaire à l’égard de Nicolas Sarkozy, Rama Yade est assez coutumière du fait. Dans le passé pas si lointain, lorsqu’il arrivait à leur relation de traverser une phase houleuse, Rama Yade faisait accompagner sa jolie lettre d’une boite de chocolat. Et à voir le nombre de pardons, de caprices et de couleuvres, la méthode devait être efficace.

Sauf que cette fois, Rama Yade semble avoir définitivement rompu les amarres avec Nicolas Sarkozy. Ce dernier, contre l’avis de ses conseillers, l’avait nommée au poste prestigieux d’ambassadrice de France à l’Unesco pour la consoler d’un départ électrique du gouvernement. Mais que fait Rama Yade? Au lieu de se complaire dans l’anonymat protocolaire de la fonction, elle se pique de vouloir faire de la politique et commet le crime de lèse majesté, celui de quitter le navire UMP et de suivre Jean Louis Borloo dans son aventure scissionniste de la majorité présidentielle.

Depuis cet instant fatidique, Rama Yade subit une rafale de critiques acerbes de la part de membres éminents de la majorité comme Bernard Accoyer President de l’assemblée nationale, Nadine Morano, ministre chargée de l’apprentissage et de la formation professionnelle, Francois Baroin, porte parole du gouvernement ,tous l’ont invitée, chacun avec ses propres mots à plus de discrétion et à plus de solidarité avec le gouvernement.

Mais Rama Yade n’en avait cure. Rebelle par tempérament, elle voulut absolument marquer son sillon. Sur au moins deux sujets qui font et défont les carrières, elle joua sa propre petite musique. Le premier fut quant elle critiqua ouvertement l’organisation par l’UMP d’un débat sur l’Islam, rejoignant la cohorte des voix qui dénoncent un usage politicien de cette question comme une entreprise de séduction manifeste de l’extrême droite. Il est vrai que la sévérité de son jugement sur ce sujet rejoignait son antipathie personnelle à l’égard du patron de l’UMP Jean Francois Copé.

Le second sujet fut la Lybie. Après avoir été une des premières membres du gouvernement à critiquer l’accueil réservé par Nicolas Sarkozy à Moummar Kadhafi, tapis fouge et tente qaidale au coeur de Paris, elle fut une des critiques sourdes de l’offensive militaire contre la Lybie. Ce qui a eu le don d’aggraver l’ire de Nicolas Sarkozy à son égard.

A partir du moment où elle avait fait le choix de rejoindre Jean Louis Borloo, le sort de Rama Yade était scellé. Nicolas Sarkozy était devant deux perspectives: soit la faire partir sans l’immédiat au risque d’en faire un symbole et une martyr de la rancune présidentielle, soit camoufler son départ dans un vaste mouvement de diplomates et sévir sans donner l’impression de sanctionner.

Le mouvement des diplomates était programmé avant la pause estivale. Rama Yade a préféré prendre les devants et démissionner. Cette initiative lui permet de sortir par le haut et prendre acte avec l’avenir. Au delà des bénéfices de communication qu’elle en tire, la démission inscrit définitivement sa démarche dans une logique de rupture et de défi à l’encontre de Nicolas Sarkozy.

Rama Yade qui avait l’habitude lancer crânement à ses interlocuteurs sur le projet de son éviction de l’UNESCO: " J’existais avant j’existerais après", a rejoint l’écurie de Jean Louis Borloo. Elle en est une des icônes les plus reconnaissables. Pour Nicolas Sarkozy comme pour l’UMP, le degré de nuisance d’une déçue de la Sarkozie comme Rama Yade dépend de la détermination de Jean Louis Borloo à mener à termes son projet de candidature à la présidentielle. Et les menaces de Jean Louis Borloo de concourir paraissent être le cauchemar le plus vivant de l’actuel Président de la république.

Plus amère qu’une Rachida Dati qui voit ses ambitions politiques contrecarrées par les désirs du Premier ministre, plus réactive qu’une Fadéla Amara contrainte dans son expression par une logique alimentaires, Rama Yade a de fortes chances de se révéler comme la voix politique de la majorité présidentielle la plus critique avec la gouvernance de Sarkozy.

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