Professeur décapité: des messages de l’assaillant au coeur de l’enquête

Quatre jours après, les enquêteurs tentent de reconstituer la chaîne complète des faits qui ont conduit au meurtre sauvage du professeur Samuel Paty, à qui des hommages sont rendus à l’Assemblée nationale et autour de son collège des Yvelines.

Les policiers antiterroristes s’intéressent notamment à des messages échangés sur la messagerie WhatsApp entre l’assaillant et le parent d’élève, actuellement en garde à vue, qui avait appelé à la mobilisation après le cours sur la liberté d’expression dispensé par M. Paty le 5 octobre.

Au total, 16 personnes étaient en garde à vue en milieu d’après-midi, dont cinq collégiens, pour comprendre comment Abdoullakh Anzorov, réfugié d’origine russe tchétchène, a pu retrouver et identifier sa cible avant de la tuer près de son établissement de Conflans-Sainte-Honorine.

Selon une source proche du dossier, « un ou plusieurs collégiens » ont désigné à l’assaillant le professeur d’histoire-géographie, a priori en échange d’argent. Mardi matin, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a réfuté toute « faille » dans le suivi du meurtrier.

L’entourage familial du tueur est également toujours interrogé par les policiers, ainsi que le sulfureux militant islamiste Abdelhakim Sefrioui qui avait accompagné le parent d’élève dans sa mobilisation relayée sur les réseaux sociaux.

Dans la matinée, la ministre déléguée à la citoyenneté Marlène Schiappa avait reçu les patrons France des réseaux sociaux et des plateformes pour les appeler « à la responsabilité » face au cyber-islamisme.

Dans un communiqué, les collègues de Samuel Paty ont eux exprimé leur « vive inquiétude face à l’impact des réseaux sociaux », « véritable fléau » dans l’exercice de leur métier.

Marche blanche 

A l’Assemblée, Jean Castex a également indiqué que le Conseil des ministres examinerait la semaine prochaine la dissolution d’associations soupçonnées d’accointances avec l’islam radical. 51 structures sont dans le collimateur des autorités, dont le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et l’association humanitaire BarakaCity qui contestent les accusations portées contre elles.

La journée de mardi était rythmée par des hommages.

A 18H30, une marche blanche aura lieu à Conflans-Sainte-Honorine, à la veille de l’hommage national qui sera rendu mercredi à partir de 19H30 à Samuel Paty dans la Cour de la Sorbonne en présence du chef de l’Etat Emmanuel Macron.

Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a précisé que Samuel Paty serait décoré de la Légion d’honneur à titre posthume et qu’une « séquence éducative » aurait lieu le 2 novembre, jour de la rentrée après les vacances de la Toussaint, dans tous les établissements « sans exception ». Il a ajouté que son fils de cinq ans serait « pupille de la nation ».

L’exécutif, qui se dit en « guerre contre les ennemis de la République », continue par ailleurs les annonces et les initiatives.

Le chef de l’Etat s’est rendu mardi après-midi à Bobigny pour présider une séance de la Cellule de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (CLIR) et faire le bilan des résultats en Seine-Saint-Denis, accompagné du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Lundi soir, M. Darmanin avait annoncé avoir demandé au préfet de Seine-Saint-Denis de fermer la mosquée de Pantin, qui avait relayé sur sa page Facebook une des vidéos dénonçant le cours sur les caricatures de Samuel Paty. La fermeture de la mosquée sera effective mercredi soir malgré le désarroi des fidèles qui dénoncent une mesure injuste.

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