La Banque africaine de développement lève actuellement des fonds pour aider 40 millions d’agriculteurs africains à utiliser des technologies résistantes au climat et à augmenter leur production de variétés de blé tolérantes à la chaleur et d’autres cultures, a déclaré M. Adesina dans une interview publiée sur le site de la BAD.
Les importations de blé représentent environ 90% des 4 milliards de dollars d’échanges de l’Afrique avec la Russie et près de la moitié des 4,5 milliards de dollars d’échanges du continent avec l’Ukraine, a-t-il précisé.
« Nous allons vraiment intensifier nos efforts pour mobiliser cet argent », a assuré M. Adesina, ajoutant que « s’il y a un moment où nous devons vraiment augmenter de manière drastique la production alimentaire en Afrique, pour sa sécurité alimentaire et pour atténuer l’impact de cette crise alimentaire découlant de cette guerre, c’est maintenant ».
La guerre en Ukraine et les sanctions radicales imposées à la Russie ont bouleversé les exportations de céréales à un moment où les stocks mondiaux étaient déjà limités, augmentant le risque d’une crise alimentaire de grande ampleur.
Les deux pays produisent à eux deux plus d’un quart des exportations mondiales de blé, et les Nations unies ont prévenu que le coût déjà élevé des denrées alimentaires pourrait encore augmenter de 22% si les combats paralysent le commerce et réduisent la prochaine production.
Les risques sont particulièrement élevés en Afrique, où, selon M. Adesina, quelque 283 millions de personnes souffraient déjà de la faim avant le début de la guerre.
Le plan de la Banque vise à augmenter la production de blé, de riz, de soja et d’autres cultures pour nourrir environ 200 millions d’Africains. M. Adesina prévoit une réunion des ministres des finances et de l’agriculture du continent pour discuter de la meilleure façon de le financer.
Outre le soutien à la production alimentaire, la Banque africaine de développement s’est lancée dans une campagne visant à accélérer le bouclage financier de 42 projets d’une valeur d’environ 58 milliards de dollars qui sont déjà en cours.
Il s’agit notamment d’un projet ferroviaire en Afrique de l’Est de 3,2 milliards de dollars reliant la Tanzanie aux zones minières du Burundi et de la République démocratique du Congo, et d’un corridor autoroutier de 15 milliards de dollars reliant Lagos, la capitale économique du Nigéria, à Abidjan en Côte d’Ivoire.
« Nous voulons aider à inverser une partie du déclin des investissements qui s’est produit à la suite du Covid-19, a souligné M. Adesina, mettant en avant que « le financement de projets a diminué d’environ 49 %, ce qui a eu un impact sur les infrastructures ».
La BAD considère que l’accent mis sur les infrastructures stimule le commerce intra-africain, qui constitue aujourd’hui environ 15 % du commerce global du continent. Les flux devraient augmenter avec la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui devrait être pleinement opérationnelle en 2030. Elle ouvrirait un marché potentiel de 1,2 milliard de personnes avec un produit intérieur brut combiné de 2.500 milliards de dollars.
« Nous n’avons pas d’autre choix que de faire fonctionner la ZLECAf et nous devons le faire plus vite », a noté M. Adesina.