Afrique australe : les pays les plus touchés par le changement climatique reçoivent moins de financement (Institut)
« La vulnérabilité n’est pas réellement un facteur clé pour déterminer où vont les fonds de la lutte contre le changement climatique », a déclaré Aimée-Noël Mbiyozo, consultante senior en recherche à l’ISS, basé à Pretoria, lors d’une rencontre sous le thème « Quel est le plan de l’Afrique australe face à la crise climatique ? ».
Elle a ajouté que le German Watch Climate Risk Index a classé le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe, 1er, 2ème et 5ème parmi les pays les plus touchés par les conditions météorologiques extrêmes, alors qu’en termes de financement, ils occupent respectivement la 32ème, la 108ème et la 75ème position.
« Les financements sont souvent destinés aux pays où les donateurs sont déjà présents. Ils veulent donc une capacité institutionnelle et une visibilité solides pour mettre en œuvre avec succès leurs projets et avoir un retour sur investissement », a-t-elle estimé.
Mme Mbiyozo a expliqué que les bailleurs de fonds internationaux « sont réticents à investir dans des pays où les politiques et les environnements institutionnels sont médiocres. Mais malheureusement, ces pays abritent les communautés les plus vulnérables aux effets du réchauffement climatique ».
Elle a, par ailleurs, signalé qu’une fois que les fonds parviennent aux pays, ils ont tendance à être acheminés au plus haut niveau national plutôt qu’aux communautés locales affectées par les changements climatiques, ce qui constitue un vrai problème. »
Le Zimbabwe est l’un des pays les plus touchés par la corruption, a-t-elle noté, rappelant que Transparency International classe le pays au 157e rang sur 180 pays dans le monde, avec un score de 23 sur 100 points.
Elle a ajouté que le gouvernement zimbabwéen travaille actuellement à l’adoption d’un projet de loi sur les organisations non gouvernementales (ONG), qui interdira les agences d’aide qu’il juge hostiles au pays.
Quant au Mozambique, l’un des pays les plus pauvres du monde, il est actuellement coupé des financements internationaux en raison du « scandale de la dette cachée », qui a vu de hauts responsables politiques conspirer pour organiser un prêt de 2 milliards de dollars, soit 12% du PIB du pays, a-t-elle poursuivi.