Trois questions à Jean-Marie Heydt autour de son nouvel ouvrage « Le Sahara Marocain : Terre de Lumière et d’Avenir »
Spécialiste du Maroc et auteur de plusieurs livres sur le Royaume, Jean-Marie Heydt, enseignant chercheur franco-suisse, observateur et expert international auprès d’organisations publiques a présenté, lundi soir à Strasbourg, son dernier livre « Le Sahara Marocain: Terre de Lumière et d’Avenir », lors d’une rencontre à l’occasion du 49ème anniversaire de la Marche Verte et du 69è anniversaire de la fête de l’Indépendance.
1. Dans votre ouvrage, vous décrivez le Sahara marocain comme une « Terre de lumière et d’avenir ». Quels sont les atouts stratégiques qui soutiennent cette vision ?
Cette vision est celle d’un Roi avant-gardiste et visionnaire que je ne fais que partager avec celles et ceux qui ne connaissent pas le Maroc d’aujourd’hui. Souvent, les souvenirs sont ceux des lieux de villégiature et une vague idée de la réalité d’aujourd’hui. Les atouts stratégiques que Sa Majesté le Roi a parfaitement su mettre en valeur sont la culture hassanie, spécifique aux populations des provinces du sud, ce dialecte qui vient enrichir la diversité des langues, cultures et histoires, tout comme l’est la langue amazighe qui a été reconnue officiellement depuis 2011. La langue permet de comprendre l’habillement, l’art culinaire, l’artisanat, les us et coutumes etc… Les Provinces du Sud sont riches des produits de la mer et ont su développer les productions de la terre qui demandent du soleil.
A cela s’ajoutent bien évidemment le solaire et l’éolien qui sont des cadeaux célestes pour le Maroc et qui ont été développés à la faveur de la Vision Royale, en ouvrant notamment aux pays du Sahel un accès à la mer pour leur permettre de commercer et mieux se développer. C’est une opportunité stratégique « gagnant-gagnant » et pour le Maroc et pour les pays du Sahel.
En cela, le Maroc rappelle à la fois la marocanité du Sahara mais aussi l’africanité du Maroc. C’est donc tout à la fois : un atout de « hub atlantique », un pont pour l’Europe avec des liens particuliers avec la France, et un leader pour le développement africain.
2. Quels sont, à votre avis, les aspects historiques et culturels du Sahara marocain qui expliquent l’attachement du Maroc à ses provinces du sud ?
Je pense que pour comprendre l’attachement du Maroc à ses provinces du Sud, il faut remonter à l’époque d’avant les colonisations et protectorats dans toute cette énorme zone géographique. Le Maroc – que certains dénomment le « grand Maroc » au XVIIè siècle avec l’Empire Chérifien qui était multiethnique et multiconfessionnel – regroupe des peuples qui avaient décidé de vivre ensemble au-delà de leurs différences.
Ces peuples des régions du grand Maroc avaient exprimé leur attachement indéfectible à leur pays (avant les Etats-Nations) et leur implication concrète dans les divers projets de développement qui, de fait, en font des partenaires de premier ordre pour l’avenir de la région. Pour avoir rencontré à plusieurs reprises les habitants des Provinces du Sud, tous reconnaissent l’évolution considérable de ces régions au bénéfice des populations. L’originalité de la nation marocaine réside dans la diversité de son peuple, de ses religions, de ses idéologies politiques, mais le garant de son unité et de sa stabilité a toujours été le Trône Alaouite. Et durant la période coloniale espagnole, les chefs de tribus sahraouis ont juré fidélité aux Sultans successifs du Royaume à travers l’acte d’allégeance. Une fois que la Beïa est établie, elle reste intacte et constitue un pacte entre le Sultan et son peuple. C’est ce qui explique ce lien indéfectible entre le Roi et le peuple. C’est un atout incommensurable !
3. Le soutien de la France à la souveraineté du Maroc sur son Sahara est un tournant majeur dans les relations entre les deux pays. Quel pourrait être son impact sur la dynamique de développement socio-économique en cours dans la région ?
L’impact va être une accélération des accords de nature à contribuer davantage au développement de ces provinces à travers des financements conséquents de grands projets. Parallèlement à ce soutien français, ils sont déjà plus d’une trentaine de pays à avoir ouvert des consulats dans les Provinces du Sud, marquant ainsi leur appui clair et net à l’intégrité territoriale du Royaume. La présence consulaire est un acte de haute importance qui ouvre d’énormes perspectives, notamment socio-économiques.