Pays-Bas: l’Europe soulagée après la victoire des libéraux

Les dirigeants européens se montraient soulagés jeudi au lendemain de la victoire aux législatives aux Pays-Bas du Premier ministre libéral Mark Rutte, malgré la remontée de l’extrême droite qui prend la deuxième place.

"Un vote pour l’Europe, contre les extrémistes", a commenté sur Twitter Margaritis Schinas, porte-parole du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Attendu comme un baromètre de la montée du populisme en Europe, année de grands scrutins à travers le continent, le score du député controversé Geert Wilders est bien loin derrière les 36 sièges crédités dans les sondages il y a quelques mois, mais aussi derrière son record de 24 sièges en 2010.

Car après avoir longtemps flirté avec l’idée de propulser l’élu anti-islam, anti-Union européenne, anti-immigration et anti-système à la tête du gouvernement, les électeurs néerlandais ont opté pour la stabilité.

"Je pense que les gens se sont rendu compte qu’avoir quelqu’un à la tête de l’Etat qui sera compréhensif et essaiera de construire des ponts est bien plus important que quelqu’un qui tente de nous diviser", a réagi Vikash Ramjanan, 33 ans.

En tête avec 33 sièges crédités, le Premier ministre Mark Rutte a salué une victoire contre ce qu’il appelle "le populisme de mauvais aloi".

Le Parti pour la Liberté (PVV) de Geert Wilders aurait remporté 20 sièges selon des résultats compilés par l’agence de presse néerlandaise ANP, sur la base de 97 % des voix.

Dans ce pays de coalition, Marc Rutte s’est proposé jeudi pour mener les rencontres avec les principaux chefs des partis pour discuter de la formation du gouvernement, qui pourrait prendre plusieurs mois. Une réunion était prévue dans la journée à la chambre basse du Parlement.

‘La fascination est terminée’

Après les surprises du Brexit au Royaume-Uni et de la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, ces résultats sont "une victoire du bon sens et un bon départ pour la saison électorale européenne", a analysé Holger Schmieding, économiste en chef de la banque Berenberg. La présidentielle en France, où la dirigeante de l’extrême droite Marine Le Pen devrait se retrouver selon les sondages au deuxième tour, se tient en avril et mai et les législatives en Allemagne à l’automne.

"La fascination pour les partis populistes de droite est terminée", a affirmé pour sa part à l’AFP le professeur Hajo Funke, de l’Institut des Sciences politiques Otto Suhr.

"Les gens voient que Trump ne fait pas de bien ni aux Etats-Unis, ni à l’Europe", a-t-il ajouté. "Ils voient bien le coût, le potentiel de destruction économique et en terme de politique internationale."

Pour lui, les citoyens se sont aperçus de la "réaction en chaîne destructrice" que pouvait déclencher le populisme de droite à travers toute l’Europe.

Le président français François Hollande a évoqué "une nette victoire contre l’extrémisme", tandis que la chancelière allemande Angela Merkel, selon son porte-parole, s’est réjouie de "poursuivre une bonne collaboration en tant qu’amis, voisins, Européens".

Une voix difficile à ignorer

Pour Geert Wilders toutefois, "le génie ne retournera pas dans la lampe". Et sa voix ne pourra être ignorée alors qu’il devrait être le principal leader de l’opposition.

Mais il est peu probable que Mark Rutte s’allie avec M. Wilders, plusieurs partis dont le sien ayant exclu au cours de la campagne de collaborer avec lui.

Avec 19 sièges chacun, les chrétiens-démocrates du CDA et les progressistes de D66 sont des partenaires naturels pour les libéraux, mais une telle coalition aurait besoin de cinq sièges supplémentaires pour obtenir la majorité de 76 sièges.

"Cela va prendre du temps", a indiqué Mark Rutte jeudi, cité par ANP. "Cela pourrait être une formation complexe. On pourrait voir les partis se rencontrer pendant plusieurs semaines."

Les regards se portent désormais vers les chrétiens (CU, 5 sièges) et les protestants rigoristes du SGP (3 sièges).

Mais les écologistes de GroenLinks, menés par le jeune et charismatique Jesse Klaver, pourraient également jouer un rôle important après avoir triplé leur score avec 14 sièges.

Dans ce paysage politique fragmenté, "ce sera difficile" aux nombreux partis vainqueurs de "négocier sur beaucoup d’enjeux" et de trouver un terrain d’entente, selon l’analyste politique de l’Université de Leiden Geerten Waling.

"Mais je pense que d’ici quelques mois, nous verrons un gouvernement de centre droit se former sur base de ces résultats", a-t-il indiqué à l’AFP.

AFP

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