Municipales à Levallois : les Balkany jettent l’éponge

Coup de théâtre à Levallois-Perret: Patrick et Isabelle Balkany ont renoncé mercredi à se présenter pour un sixième mandat à la tête de cette commune huppée des Hauts-de-Seine, le jour de la fin de leur procès en appel pour fraude fiscale lors duquel prison ferme et dix ans d’inéligibilité ont été requis contre eux.

"Le suffrage universel des citoyens français et des électeurs levalloisiens est volontairement confisqué par la justice", se sont insurgés les époux dans tweet d’Isabelle Balkany.

"Nous en prenons acte", annoncent-ils, laissant entendre que l’avenir de Levallois se jouera sans eux.

Interrogée plus tard lors d’un point-presse à la mairie sur l’éventualité qu’ils soient tout de même présents sur la liste de la "majorité municipale" en mars, Mme Balkany a préféré éluder la question, refusant d’y répondre clairement.

La situation paraissait désespérée pour le couple après un procès en appel lors duquel le parquet a requis quatre ans de prison contre Patrick Balkany, quatre ans dont deux avec sursis contre sa femme et surtout dix ans d’inéligibilité contre les deux avec "exécution provisoire".

Le délibéré prévu pour le 4 mars, soit onze jours avant le premier tour des municipales (15 mars), faisait peser une épée de Damoclès trop menaçante sur leur candidature. "Ce délibéré n’est pas par hasard", a fustigé la première adjointe, car "les dépôts de candidatures aux municipales sont 15 jours avant les élections (…) et au 28 février toutes les listes doivent être enregistrées et validées par la préfecture".

"La décision de Patrick et Isabelle Balkany est sage pour l’avenir de Levallois", a salué de son côté l’élu d’opposition Arnaud de Courson (DVD), lui-même candidat à la mairie.

Devant la mairie, les fans de toujours du couple d’édiles se faisaient plutôt discrets mercredi soir.

Hocine 70 ans, est de ceux-là: "En tant que Levalloisien, je regretterai M. Balkany. (…) Pour moi c’est un honnête homme". "On va pouvoir enfin revenir à l’essentiel, avec une élection municipale normale", s’est réjoui au contraire Philippe, 69 ans, qui habite là depuis 30 ans.

Pour conduire la liste de la majorité municipale aux élections de mars prochain, les Balkany ont choisi un tandem jeune. Agnès Pottier-Dumas, 34 ans, ancienne directrice de cabinet de la mairie, et David-Xavier Weiss, 40 ans, adjoint délégué à la jeunesse et l’événementiel, sont également des fidèles indéfectibles du couple.

– "On va dans le mur" –

Patrick Balkany, qui a arraché la ville aux communistes en 1983, avait pourtant jusqu’ici constamment fait part de son souhait de se représenter malgré son incarcération à la prison de la Santé depuis le 13 septembre et sa condamnation à quatre ans de prison ferme pour fraude fiscale.

Le 2 décembre, Isabelle Balkany rappelait encore lors d’une réunion avec les élus de la majorité que son mari souhaitait conduire la liste pour les municipales.

De sa prison, le maire avait même appelé sur le portable de son épouse pour remercier des représentants de l’administration municipale présents à cette réunion ainsi que les élus pour leur travail effectué sur le budget.

Entre-temps, l’édile de 71 ans a été hospitalisé le 12 décembre en raison d’une occlusion intestinale et n’a pu assister à une partie de son procès en appel. Le premier jour, il était apparu très amaigri et affaibli, contraignant la présidente à lui installer une chaise capitonnée dans le box des prévenus.

Le 9 décembre, une adjointe historique de la majorité, Sylvie Ramond, avait démissionné en plein conseil municipal. "Ca fait 35 ans que je travaille pour cette ville. J’ai été fidèle, loyale, mais là, ce n’est plus possible. On va dans le mur", avait-elle déclaré, se disant inquiète pour Isabelle et Patrick Balkany.

D’autant que le couple n’en a pas fini avec la justice. Leur procès en appel cette fois pour blanchiment de fraude fiscale doit se tenir du 3 au 19 février prochain.

En première instance, Patrick Balkany avait écopé de cinq ans de prison tandis que sa femme a été condamnée à trois ans. Là aussi, la peine a été assortie d’une inéligibilité de dix ans.

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