Mohammed VI : Le modèle marocain vise à prémunir contre les risques d’instrumentalisation idéologique de la religion

Fondé sur la Commanderie des croyants et le rite sunnite malékite, le modèle marocain est le produit de réformes profondes visant à prémunir la société marocaine contre les risques liés à l’instrumentalisation idéologique de la religion et contre les courants subversifs, a affirmé le roi Mohammed VI.

Dans un message adressé aux participants à la deuxième Conférence internationale sur le dialogue des cultures et des religions dont les travaux se sont ouverts lundi à Fès sous le thème: "Altérité en questions", le souverain a souligné que « c’est le sens de la mise en place d’une formation religieuse éclairée, marquée du sceau du juste milieu, de la modération et de la tolérance ».

« Inscrite au cœur des mœurs du pays, l’hospitalité marocaine recouvre aussi une forme de générosité de l’esprit, où se développent le respect et l’acceptation de l’Autre, où s’épanouit la diversité culturelle », a-t-il poursuivi, soulignant que cette caractéristique, qui fait du Maroc une « nation plurielle et diverse dans le cadre de l’unité nationale », a été déclinée en une série d’actions nationales, régionales et internationales.

Au niveau régional, a fait observer le souverain, le modèle marocain affirme une « singularité qui lui vient de sa constitution, de ses réalités culturelles, de son histoire millénaire », assurant que ce modèle se caractérise par une « coexistence profondément enracinée, notamment entre Musulmans et Juifs, et atteste d’une ouverture du pays sur les autres confessions ».

Parmi les éléments structurants de cette orientation figurent l’adoption, en 2008, de la Charte des Oulémas, le Plan pour l’encadrement religieux local, la mise à niveau des écoles de l’enseignement religieux et la révision des contenus religieux des manuels scolaires, a poursuivi le roi, affirmant que le Maroc s’attache également à tisser des liens de proximité avec les citoyens, à les mettre sur la bonne voie, notamment à travers l’institution du Conseil supérieur des Oulémas et ses antennes régionales.

D’un autre côté, a-t-il ajouté, le Royaume a initié des projets de restauration des cimetières juifs, de rénovation des Mellahs et de réaménagement des sites religieux juifs, précisant qu’au Maroc, il n’y a pas de différence entre citoyens musulmans et citoyens juifs et les Chrétiens de passage ou résidant au Maroc ont toujours bénéficié du droit d’exercer leur culte dans les églises.

« Au fil du temps, la société marocaine a développé un sens aigu de l’entente et de l’acceptation de l’Autre et a fait preuve d’une volonté inébranlable de préserver la mémoire commune aux adeptes des Trois Religions et de conserver plus particulièrement l’esprit de coexistence et de concorde qui prévalait durant la période andalouse », a souligné le Souverain.

Après avoir relevé que tout dialogue interculturel requiert que les peuples se comprennent les uns les autres par l’établissement d’un « dialogue sincère et régulier », le roi a affirmé que « l’expérience marocaine est l’illustration éloquente de ce principe dans la mesure où elle incarne la coexistence des cultures propres au Maroc uni et constitue le creuset où fusionnent les composantes arabe, amazighe, saharo-hassanienne, enrichies des affluents africain, andalou, hébreu et méditerranéen ».

En plus, a-t-il indiqué, on assiste à l’émergence de nouvelles formes de conflits qui ont imposé un changement radical du paradigme de la gestion migratoire à l’international et qui, par conséquent, amènent à redéfinir les modes de communication autour de ce phénomène.

« Si d’aucuns appréhendent le fait migratoire sous l’angle du défi, le Royaume le perçoit comme une opportunité. Une opportunité qui offre au Maroc l’occasion de confirmer constamment sa dimension africaine, dont il est fier. Notre pays accueille, en effet, un nombre grandissant de migrants subsahariens, grâce à une politique migratoire humaniste et volontariste », a dit le roi, faisant remarquer que l’accueil de ces personnes venues de pays frères et amis avec leur religion, culture, traditions familiales et rythmes de vie, s’est fait naturellement sur cette terre africaine ».

Cette cette politique volontariste est conforme aux engagements internationaux auxquels le Maroc a souscrits, assurant que, face aux discours alarmistes considérant l’immigration comme un phénomène destructeur, le Royaume adopte une approche singulière et proactive, qui tient compte du fait que les flux migratoires successifs ont constitué un des affluents essentiels de son identité, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le Souverain a relevé que le dialogue des cultures et des religions « n’est donc pas un concept abstrait qui relève du luxe intellectuel. Plus qu’une volonté, c’est une démarche qui tire sa véritable signification d’une foi profonde, et qui exige un engagement ferme, un travail sérieux, des actes et non seulement des paroles ».

« Pour être efficace, notre action commune doit être permanente, globale et flexible. La volonté individuelle est nécessaire, mais insuffisante. Seule la volonté collective qui unit les efforts des gouvernements, de la société civile, des médias, des académiciens et des citoyens est en mesure de faire face aux vagues de repli et d’extrémisme intellectuel », a-t-il noté, exprimant l’espoir de voir cette conférence constituer une « réaction vigoureuse et collective à toute remise en cause de nos valeurs et de nos repères, au repli identitaire, au fanatisme, à la xénophobie, à l’extrémisme, à l’intolérance et à toutes formes de discrimination ».

A cet égard, le roi a rappelé que depuis la première édition tenue il y a cinq ans, « beaucoup de belles choses ont été accomplies. Aujourd’hui, nous espérons que ce forum saura asseoir les fondements solides d’un rayonnement culturel et intellectuel et d’une culture du dialogue et de la coexistence », notant que le but ultime est bien de poser les jalons pour une mise en œuvre effective du Processus de Fès, de promouvoir les valeurs de tolérance, de respect et d’interaction positive entre les religions, les peuples et les civilisations.

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