Un rapport parlementaire présenté mardi à Rabat s’alarme des conditions de travail « éprouvantes » des « porteuses de marchandises » à Bab Sebta, « exploitées par des mafias de la contrebande ».
Ces femmes, dont le nombre est estimé à 3.500 et qui transportent des marchandises en grande majorité légales, sont victimes de « mauvais traitements, de harcèlement et de vol », souligne ce rapport parlementaire, le premier sur ce sujet.
Des milliers de porteuses traversent au quotidien la frontière entre le Maroc et l’Espagne, rémunérés par des commerçants marocains pour transporter des marchandises espagnoles destinées à être revendues au Maroc, comme des vêtements ou des produits alimentaires.
En 2017, au moins quatre porteuses sont mortes, piétinées dans des bousculades ayant eu lieu à un poste-frontière situé entre la ville Fnideq et la ville occupée Sebta (Ceuta), qui jouit d’un statut de port franc.
Sous la pression des ONG, les autorités marocaines et espagnoles avaient promis d’agir. Un quota quotidien d’entrées et un système d’alternance entre les hommes et les femmes avaient notamment été instaurés.
Et depuis avril 2018, les « hamalates » (porteuses), surnommées « femmes-mulets », transportent leurs marchandises dans des chariots plutôt que sur leur dos fourbu.
Mais elles doivent souvent attendre de longues heures avant d’accéder à une zone commerciale à l’entrée de la ville, regrette le rapport parlementaire, qui pointe du doigt des « mafias de la contrebande qui les exploitent ».
Le rapport préconise de mettre en place des alternatives, comme une « zone industrielle » dans le nord du Maroc, pour permettre la reconversion professionnelle des « porteuses ».
Sur un autre front, les produits alimentaires acheminés vers le royaume depuis Sebta ne font l’objet d' »aucun contrôle sanitaire », ce qui « constitue une menace pour la santé » des consommateurs, accuse le rapport.
Voici les points importants du rapport de la « Mission parlementaire de prospection sur la situation des enfants négligés et des femmes-mulets au point de passage de Bab Sebta », examiné mardi par la Commission des Affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des MRE à la Chambre des représentants:
– Recommandation de créer une zone commerciale franche à Fnideq;
– Appel à l’adoption d’une véritable alternative économique en offrant des avantages incitatifs pour les activités génératrices d’emplois dans les provinces de Tétouan et M’diq-Fnideq.
– Accélération du lancement d’une zone industrielle susceptible d’absorber les personnes qui s’adonnent à la « contrebande vivrière ».
– Réalisation d’une étude socio-économique sur les catégories sociales concernées afin de mieux cerner leurs conditions sociales, niveau d’étude et besoins en termes d’accès au marché du travail.
– Mobilisation de ressources humaines qualifiées afin d’humaniser et d’organiser de façon optimale le passage de Bab Sebta.