Les tensions restent fortes autour de la mosquée de Drancy

L’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, est en vacances en Tunisie, mais son « cas » agite toujours les milieux musulmans de Seine-Saint-Denis et embarrasse les pouvoirs publics.

Les tensions restent fortes autour de la mosquée de Drancy
Vendredi 26 février, comme toutes les fins de semaine depuis près d’un mois, un groupuscule antisioniste, le collectif Cheikh Yassine (du nom du responsable du Hamas tué par l’armée israélienne à Gaza en 2004) est venu demander à la mosquée le départ de l’imam.

La semaine précédente, ces mêmes militants avaient pénétré dans le lieu de culte, contre l’avis de certains fidèles ; l’imam avait déposé plainte pour troubles à l’ordre public et menaces de mort. Le maire (Nouveau Centre) Jean-Christophe Lagarde s’étonne que ces manifestations à répétition puissent se tenir sans intervention des forces de l’ordre.

Un mois après les déclarations de M. Chalghoumi en faveur d’une loi contre le port du voile intégral, la situation à la mosquée de Drancy demeure tendue et confuse. Ses prises de position, venant après des propos peu appréciés par les musulmans sur les "débordements" liés aux manifestations contre l’offensive israélienne à Gaza en janvier 2009, ont provoqué la désapprobation de nombre de musulmans, exaspérés par le débat sur la burqa vécu comme "une stigmatisation".

Elles ont surtout jeté la lumière sur cet homme atypique. Placé par le maire à la tête de l’association qui gère la mosquée, il se revendique en marge des institutions musulmanes et proche de la communauté juive. "Imam républicain" autoproclamé, M. Chalghoumi est devenu la cible privilégiée de ceux qui, à l’instar des militants du groupuscule Cheikh Yassine, refusent un "islam de France" et condamnent ceux qui "épousent la cause sioniste". En se prononçant sur le voile intégral, M. Chalghoumi s’est aussi mis à dos les salafistes, qui défendent cette tenue.

"Silence"

Aujourd’hui, certains de ses fidèles lui reprochent d’avoir "trop parlé" sur des sujets sensibles et d’avoir mis la mosquée de Drancy au centre des tensions. "Ils ne demandent pas forcément son départ mais son silence", soulignent des observateurs. "Il ne faut plus qu’il s’exprime seul, car il n’est pas seul à défendre ses positions", estime un de ses soutiens. "Le problème, c’est que maintenant, ses proches aussi rencontrent des difficultés dans leurs mosquées", constate Mohammed Henniche, président de l’Union des associations musulmanes du département (UAM 93), impliqué dans les discussions en cours pour trouver une "sortie par le haut" à cette situation. Une mise à l’écart de M. Chalghoumi signerait la victoire des plus radicaux.

Dans ce contexte, la publication du livre que M. Chalghoumi devait publier en mars aux éditions du Cherche-Midi est reportée "de plusieurs mois". "Le manuscrit n’est pas prêt ", affirme son éditeur. D’autres jugent que l’ouvrage annoncé comme "critique" sur l’organisation de l’islam en France n’aurait pas contribué à apaiser les esprits.

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