Partout, la même image : celle du 153 Franklin Street, à Tribeca, l’appartement new-yorkais de Dominique Strauss-Kahn dont on filme l’entrée en plan fixe, en attendant qu’il veuille bien sortir pour rejoindre le tribunal. Il est 14 heures et les chaînes info lambinent, meublent, se filment les unes les autres en train d’attendre, interrogent jusqu’à plus soif l’«avocat au barreau de New York et Paris» que chacune a dégoté. Partout, la même attente: après trois semaines de silence on va enfin entendre «la voix de DSK» plaider non coupable.
Et partout, la même galère. Embarquées simultanément dans des pages de pub, LCI, i-Télé et BFM TV loupent en chœur la sortie de DSK. C’est ballot, des heures à fixer cette maudite porte et hop, raté. Dès lors tout va très vite et dans la même direction : le mur. France 2 a perdu son envoyée spéciale ; TF1 tente de faire moderne en publiant en énorme les SMS (quelqu’un se dévouerait pour expliquer à TF1 la différence entre un texto et un tweet ?) de sa correspondante à l’intérieur du tribunal qui se résumeront à «DSK est entré» et «DSK est sorti». Car même les tweets font flop. Dans la salle d’audience, les smartphones des smartjournalistes restent muets ou presque : dans le brouhaha, les envoyés spéciaux n’entendent rien de la voix de DSK… Dehors, on ne sait rien de rien. Sur France 2, aux marches du palais, Maryse Burgot en rigole presque, lâchant un salutaire : «Je ne suis pas capable de vous dire ce que les avocats de DSK ou DSK ont déclaré.»
La retransmission télé en différé alors? Caramba, encore raté. Le temps de déclencher les caméras sitôt l’autorisation du juge, c’était déjà trop tard: le «not guilty» est déjà prononcé, ne restent que quelques minutes de formalités à se mettre sous la dent. «La caméra n’était pas branchée», bredouille Olivier Mazerolle chez BFM TV. Sur TF1, la sentence tombe, désespérée : «Ces images, nous ne les aurons jamais.»