Cette étude a été menée grâce notamment aux observations réalisées par la sonde « Mars Reconnaissance Orbiter » de la Nasa et par les rovers Curiosity, Perseverance et Zhurong, qui arpentent la surface martienne.
Selon les scientifiques, le paysage martien regorge de traces d’anciens lacs et de rivières dont les morphologies très caractéristiques et comparables à celles observées sur Terre sont reconnaissables depuis l’espace. Dans le détail, ces régions sont marquées par la présence de dépôts sédimentaires typiques d’environnements lacustres ou fluviatiles : grès, conglomérats, niveaux argileux….
Les argiles, en particulier, sont des minéraux dont la présence est porteuse de nombreuses informations. Elles sont produites par l’altération chimique de roches silicatées, qui composent habituellement la croûte terrestre mais également la croûte martienne. Le processus d’altération se produisant en milieu hydraté, la présence de minéraux argileux dans certaines roches martiennes est donc déjà en soit une preuve de la présence d’eau dans le passé de la planète. De plus, elles permettent de contraindre un certain nombre de paramètres du milieu, ont ils expliqué dans un nouvel article publié dans la revue Icarus.
Les chercheurs montrent que ce type d’environnement a bien existé sur Mars, sur une période de temps relativement longue pour la Planète rouge. Grâce aux données acquises par Mars Reconnaissance Orbiter, ils montrent que la géologie du bassin martien de Ladon, dans la région de Margaritifer Terra, a enregistré une très longue histoire de la présence d’eau liquide. Cette région est déjà reconnue pour sa très forte densité de canaux d’écoulement et de plaines alluviales, résultant d’anciens épisodes de crues. Les nouvelles images orbitales obtenues ont mis en évidence la présence de sédiments argileux dans les parties nord et sud de Ladon Valles, ainsi que sur les plateaux situés au sud-ouest du bassin. Cette succession de sédiments argileux se retrouve sur une distance de 200 kilomètres, ce qui permet de supposer l’existence passée d’un vaste lac occupant le bassin de Ladon et Ladon Valles. Ce type d’environnement lacustre, marqué par une faible énergie, c’est-à-dire très peu de courant, est en effet favorable au dépôt de sédiments argileux.
Les scientifiques ont réussi à dater approximativement l’intervalle de temps durant lequel cette zone a été inondée, même si cela n’a pas forcément été de manière continue. Leurs résultats montrent que l’eau y aurait été présente très tôt dans l’histoire de la planète, à partir de 3,8 milliards d’années, et jusqu’à une période « relativement » récente, soit 2,5 milliards d’années.
D’autres études basées sur des données différentes suggèrent également que de l’eau liquide aurait coulé dans le bassin de Ladon durant environ 1,3 milliard d’années. Cette durée très longue ainsi que la présence démontrée d’un environnement aquatique stable, à l’image du lac identifié dans cette nouvelle étude, sont des facteurs favorables au développement de la vie.
Pour les astronomes, chercheurs et scientifiques, c’est désormais une certitude: si aujourd’hui Mars est un monde aride, du moins en surface, il y a environ 3 milliards d’années, de l’eau coulait sur la Planète rouge.