Le monde en pleine pandémie célèbre les 75 ans de la fin de la guerre
Dépôt de gerbes des présidents américain et français, jour férié et grand discours dans la capitale allemande: L’Europe et les Etats-Unis commémorent vendredi la fin de la Seconde Guerre mondiale malgré les restrictions du coronavirus.
D’ordinaire, l’Allemagne ne commémore pas ou très peu les anniversaires du 8 mai 1945, date de la capitulation du régime nazi face aux Alliés.
Cette fois, la municipalité de Berlin a décidé pour le 75e anniversaire de déclarer férié ce jour synonyme de défaite pour le pays mais aussi de libération du national-socialisme et des camps de concentration.
Une initiative limitée à la capitale allemande dans le pays, qui restera unique et a suscité une certaine controverse.
Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas s’est ainsi montré dubitatif jeudi quant à l’idée d’en faire un jour férié national permanent dans toute l’Allemagne.
« Ce n’est pas pour moi la question essentielle », a-t-il dit à la chaîne de télévision ZDF, « ce qui est important est que cette journée soit bien comprise en Allemagne, comme un jour de libération, un jour qu’on peut en effet célébrer » et non regretter, a-t-il dit.
Extrême droite
Car l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) ne l’entend pas de cette oreille et a condamné les célébrations.
Son principal dirigeant, Alexander Gauland, a affirmé que le 8 mai restait une « défaite absolue » pour le pays, avec la perte de territoires à l’Est, les bombardements et des centaines de millions de ressortissants expulsés. L’Allemagne a perdu ce jour-là son « ‘autonomie » pour « façonner son avenir », a-t-il affirmé.
Le chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier doit participer avec la chancelière Angela Merkel à un dépôt de gerbes de fleurs à la mémoire des victimes de la guerre et de l’Holocauste, qui a coûté la vie à 6 millions de Juifs. Il prononce un discours vers 10H00 GMT.
Un geste symbolique en forme de rappel à l’ordre dans un pays qui connaît une résurgence de l’antisémitisme et où le devoir de mémoire est régulièrement remis en cause par l’extrême droite.
« Les Allemands sont présentés surtout comme des victimes » le jour du 8 mai, a réagi le président de la communauté juive nationale Josef Schüster. « Je trouve qu’il s’agit d’une relativisation historique irresponsable des crimes nazis », s’est-il offusqué.
Discours de la reine
Ailleurs, les restrictions liées à la pandémie du nouveau coronavirus ont obligé à réduire à leur strict minimum les célébrations de l’anniversaire, avec des cérémonies retransmises en direct sur internet.
Le président américain Donald Trump déposera à 15H30 GMT une gerbe devant le mémorial de la Seconde Guerre mondiale à Washington.
Cérémonies restreintes en France aussi, où Emmanuel Macron doit déposer lui une gerbe devant la statue du général de Gaulle à Paris, puis devant la tombe du Soldat inconnu.
A Moscou, où le « jour de la Victoire » est fêté le 9 mai, le grand défilé militaire sur la place Rouge auquel étaient invités des dizaines de dignitaires étrangers, dont le président français Emmanuel Macron, a été reporté au nom de la sécurité sanitaire, seule la partie aérienne étant maintenue.
Le président Vladimir Poutine doit s’adresser aux Russes qui attendent surtout des décisions pour l’après 11 mai, quand s’achève le confinement décrété depuis plus d’un mois pour empêcher la propagation du coronavirus.
A Londres, la reine Elisabeth II s’exprimera vendredi dans un message aux Britanniques diffusé sur BBC One à 20H00 GMT, soit « l’heure exacte où son père le roi George VI s’était exprimé à la radio en 1945 », a indiqué un communiqué du gouvernement.
En raison de la pandémie, les fêtes de rue et autre processions de vétérans ont dû être annulées. A la place, le gouvernement encourage la population à célébrer à la maison, en leur proposant des idées de jeux ou de recettes de cuisine.
A Prague, les responsables politiques iront eux aussi déposer une couronne sur la tombe du soldat inconnu, un par un, à dix minutes d’intervalle.