Le cardinal Barbarin condamné à 6 mois de prison avec sursis

Le cardinal Philippe Barbarin a été condamné jeudi matin par le tribunal correctionnel de Lyon à six mois de prison avec sursis pour la non-dénonciation des agressions pédophiles d’un prêtre de son diocèse. En l’absence du cardinal, la présidente du tribunal, Brigitte Vernay, l’a « déclaré coupable de non-dénonciation de mauvais traitements » envers un mineur entre 2014 et 2015.

L’audience de début janvier avait marqué les esprits, tant le prélat incarne depuis trois ans en France la crise de l’Église face à la pédophilie, qui vient de faire l’objet d’un sommet inédit de la hiérarchie catholique au Vatican. À l’issue des débats, la procureure Charlotte Trabut n’avait pas requis de peine à l’encontre de l’archevêque, ni des cinq anciens membres du diocèse poursuivis avec lui, tout en assurant de son impartialité : « Le ministère public ne s’oppose pas aux parties civiles, pas plus qu’il ne soutient mordicus les prévenus. »

Une position délicate à tenir après les témoignages, crus et poignants, livrés à la barre par d’anciens scouts à l’origine de l’affaire. Mais un avis conforme à celui du parquet, qui avait classé sans suite une première enquête en 2016.

Premier procès depuis la révélation de l’affaire en 2015

Soutenus par l’association de victimes La Parole libérée, neuf hommes avaient d’abord accusé le père Bernard Preynat d’avoir abusé d’eux – des faits pour lesquels ce dernier n’a pas encore été jugé –, avant de porter plainte contre ceux qui n’ont rien dit des agissements du prêtre.

Faute de poursuites, ils ont lancé en 2017 une procédure de citation directe devant le tribunal, qui leur garantissait un procès pour la première fois depuis la révélation de l’affaire fin 2015.

François Devaux, cofondateur de La Parole libérée, dément à l’Agence France-Presse tout « acharnement contre la personne » de Mgr Barbarin, mais il lui paraît « important que ce débat ait eu lieu au sein d’un tribunal », puisque « le pape ne prend pas ses responsabilités pour appliquer la tolérance zéro qu’il prône depuis des années » sur les agressions sexuelles dans l’Église.

Conduit de main de maître il y a deux mois par la présidente de la 17e chambre correctionnelle, Brigitte Vernay, le procès a été à la hauteur des enjeux. Et une épreuve pour les mis en cause, à commencer par Mgr Barbarin, traité de « menteur » par un avocat des parties civiles.

« Je n’ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles », a assuré au tribunal le prélat de 68 ans, expliquant n’avoir appris les agressions reprochées au père Preynat qu’en 2014, quand une victime se confia à lui. Pour Me Jean Boudot cependant, le cardinal était au courant depuis 2010 au moins, date à laquelle il s’était entretenu avec le prêtre sur les « rumeurs » qui couraient à son sujet. Quelle qu’en soit l’issue, les plaignants affirmaient en janvier attendre de ce procès « le début d’une nouvelle ère ».

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