La France retient son souffle à la veille du 2ème tour des législatives anticipées
A la veille du 2ème tour des législatives anticipées, la France retient son souffle pour un scrutin qui pourrait faire basculer le pays vers un mode de gouvernement inédit.
La semaine de campagne pour le second tour a été marquée par plus de 200 désistements de candidats de gauche rassemblés sous le “Nouveau Front populaire” et du camp présidentiel sous la bannière “Ensemble” pour faire front afin d’éviter les nombreuses triangulaires qui favoriseraient le RN pour une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Selon un sondage Ifop publié par la presse ce samedi, la stratégie des désistements pourrait s’avérer payante et le RN risque de n’obtenir que 170 à 210 sièges, contre 155 à 185 pour le Nouveau Front populaire, 120 à 150 pour Ensemble, et 50 à 65 pour Les Républicains.
Mais tant que les urnes n’ont pas encore dit leur dernier mot, tous les scénarios restent envisageables.
Selon les observateurs, si le RN remporte la majorité c’est à dire au moins 289 des 577 sièges qui composent l’Assemblée nationale, il sera en mesure de diriger le gouvernement, avec Jordan Bardella comme Premier ministre. Le pays entrera alors en période de cohabitation, un exercice bien rodé sous le régime de la cinquième république.
Une autre hypothèse probable également est celle qui donnerait au RN une majorité relative importante, entre 250 et 288 députés. Dans ce cas, exercer le pouvoir nécessiterait obligatoirement des alliances comme c’est le cas aujourd’hui avec l’équipe de l’actuel Premier ministre Gabriel Attal. Le même scénario peut se répéter en cas de majorité trop étriquée. Le patron du RN pourrait être nommé Premier ministre mais gouvernera dans la difficulté.
Les observateurs imaginent aussi un autre scénario où les forces centrales pourraient former une coalition afin d’empêcher le RN d’accéder au pouvoir. Elle serait constituée des députés de la majorité présidentielle, de Les Républicains, des écologistes, des socialistes, voire même des communistes, et autres divers de droite.
Le dernier scénario en vue est celui d’une Assemblée nationale hétéroclite ingouvernable qui donnerait lieu à la formation d’un gouvernement technique qui pourrait être une solution provisoire en attendant de prochaines élections dans un an. Le budget pourrait alors être voté en “douzièmes provisoires”, un texte législatif financier qui permet au gouvernement de percevoir les recettes et d’engager les dépenses équivalentes à un douzième du budget prévu par la loi de finances précédente.
Dans ce climat d’incertitude et à quelques jours des Jeux Olympiques de Paris, Gabriel Attal a affirmé que son gouvernement pourrait assurer la continuité de l’Etat « aussi longtemps que nécessaire ».
La Constitution prévoit également la possibilité pour le président de la République de nommer un gouvernement d’Union nationale dans lequel siégeront des personnalités politiques de haut rang comme le président du Sénat ou d’anciens ministres ou chefs de partis.
Quelque 49,3 millions d’électeurs sont appelés, dimanche, à voter pour le second tour des législatives.
Soixante-seize députés ont été élus dès le premier tour en obtenant plus de 50% des suffrages sur 25% des inscrits (39 députés du Rassemblement national et alliés, 32 députés du Nouveau Front populaire, 2 députés du camp présidentiel et trois députés Les Républicains et divers droite). Il reste donc 501 sièges à pourvoir sur les 577 que compte l’Assemblée nationale.
Le second tour verra la participation de 1.094 candidats.