La décision de l’Algérie de rompre ses relations avec le Maroc « une faute morale » (écrivain algéro-marocain)

La décision de l’Algérie de rompre ses relations avec le Maroc « est une faute morale », a affirmé l’écrivain algéro-marocain Kébir Mustapha Ammi, regrettant une décision qui constitue « une offense que rien ne fonde”.

Dans une tribune publiée vendredi dans le quotidien de la MAP, « Maroc Le Jour » (MLJ) », l’écrivain a estimé que « la décision du 24 août est un coup de hache qui vient clore, sans gloire, une histoire vieille de plusieurs décennies« .

« On ne rompt pas avec celui qui vous a donné les gages de son estime et de sa solidarité dans les moments difficiles », a-t-il affirmé, récusant cette décision qui représente, selon lui, « un désaveu de ce que nos glorieux aînés, qui se sont ardemment battus pour la liberté, ont réalisé au moment des épreuves ».

Dans cette « Lettre ouverte au Président de la République Algérienne« , M. Ammi rappelle l’épisode historique où certains algériens, fuyant la brutalité coloniale, avaient « trouvé plus à l’Ouest un havre de paix ».

« Doivent-ils nier ou taire ce qui les lie à cette terre ? Reconnaissez qu’il leur faudrait des trésors d’ingratitude. Quel être est capable d’une aussi abjecte infamie ? », s’est interrogé l’auteur.

« De Tlemcen à Agadir, de Casablanca à Alger… des liens forts, faits de chair et de sang, nous unissent », a-t-il relevé, tout en s’interrogeant s’il « était nécessaire de recourir au pire pour assombrir davantage encore un drame que des citoyens des deux côtés vivent dans leur chair ». « Qui peut, Monsieur le Président, admettre qu’un État s’arroge le droit brutal de prendre une décision aussi inique et inacceptable? Qui peut avoir l’outrecuidance de prendre au nom de tous les Algériens une décision semblable ? », s’est-il encore interrogé, soutenant que « nul n’a le droit de jeter d’un trait de plume l’apocalypse sur le monde ».

Né de père algérien et de mère marocaine, M. Ammi rend hommage dans ce cri de cœur à un homme qui a posé le pied au Maroc dans le premier quart de l’autre siècle et qui n’a eu, jusqu’à sa mort, que des raisons de dire sa dette fraternelle à ceux qui l’ont accueilli comme l’un des leurs. « Il est parti en rappelant à sa descendance ce qu’il devait à ce pays », a-t-il dit.

Cet homme, qui n’est autre que son père, « a fermé les yeux le jour de l’indépendance de la terre qui l’a vu naître (Algérie NDLR). Il était heureux, je peux en témoigner, j’avais neuf ans, j’étais à son chevet, je ne savais rien du monde mais on garde les plus intenses souvenirs à cet âge, il m’a pris très fort dans ses bras pour me faire sentir la joie qui était la sienne au moment de partir ».

Assurant n’avoir cessé depuis de porter l’Algérie dans son cœur, pays auquel il dit vouer « un amour irraisonné », l’auteur se demande « comment n’avoir pas le sentiment que cet homme qui n’a vécu que pour être loyal est trahi aujourd’hui dans ce qu’il avait de plus cher ? »

Évoquant le devenir des relations entre les deux pays, il a déploré « une fâcherie féroce » que cette décision laisse en héritage à « ce Maghreb lumineux que nous aimerions léguer à ceux qui viendront après nous ». « Que pourra-t-on leur dire d’outre-tombe pour justifier l’injustifiable et pardonner une impardonnable faute ? », s’est-il interrogé.

Il a expliqué qu » »un sempiternel espoir faisait battre nos cœurs depuis près de cinquante ans. Nous espérions qu’un geste de bonne volonté nous donnerait tort rétroactivement d’avoir quelquefois désespéré ».

Il a enfin fait part de sa « grande tristesse car la raison vient de s’éloigner un peu plus de notre horizon, par la faute de ceux qui font un usage excessif de la force que le pouvoir leur accorde et qui ne se doutent pas des drames qu’ils génèrent ».

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