Hirak: le jeune Saïd Chetouane, 15 ans, violé dans un commissariat d’Alger
Les réseaux sociaux se sont largement fait écho du viol de Saïd Chetouane, 15 ans, dans un commissariat d’Alger par des policiers. L’affaire scandalise et un mouvement de soutien international au jeune garçon prend de l’ampleur.
La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH) a appelé à l’ouverture d’une enquête sur les accusations d’un mineur qui a déclaré avoir été victime d’un viol dans un commissariat de police à Alger.
Un garçon de 15 ans a ete violé en Algérie PAR DES POLICIERS , ils l’ont arrêté et emmené au commissariat et l’ont abusé le pauvre il peut meme pas parler #justicepoursaid pic.twitter.com/o2pTDtwv2H
— Wassim (@Coselts_) April 4, 2021
« Aujourd’hui encore c’est le jeune Saïd Chetouane, âgé de 15 ans, interpellé samedi à la marche qui déclare à sa libération qu’il est victime de viol lors de sa garde à vue à Alger », a déploré la LAADH, dans un communiqué publié sur sa page facebook.
Selon la Ligue, « l’auto-saisine et l’ouverture d’une enquête et d’une information judiciaire dès qu’il y a allégations de tortures, est une obligation du parquet ».
Elle rappelle que « la torture est une violation grave de la dignité humaine et des droits humains, elle est interdite et puni par la loi ».
He couldn’t even talk..He just kept crying… A 15 yo boy, a child, a kid got RAPED in the POLICE STATION in his own country while trying to fight for his rights as a normal Algerian citizen…This is so fucked up.
DON’T STAY SILENT SAY HIS NAME ASK FOR JUSTICE #justicepoursaïd pic.twitter.com/tmmIMFtPDI— نِ (@prettysavagNINI) April 4, 2021
Pour sa part, le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD) a dénoncé de tels agissements, tout en indiquant que c’est « choquant, inhumain et inadmissible après ces déclarations qui secouent le monde entier ».
« Saïd Chetouane a fait état, à sa libération, des pires sévices qu’il avait subi dans un commissariat où il a été emmené après son arrestation lors de la marche d’Alger », peut-on encore lire dans un communiqué du CNLD.
Toute personne ou parti politique qui participe à l’élection législative de 12/06 va cautionner par sa voix un régime totalitaire qui pratique la torture, les agressions sexuelles et toutes sortes de violations de droits de l’homme contre son propre peuple. #JusticePourSaïd pic.twitter.com/95DqazSL11
— Riad Kaced قاصد رياض (@riadkaced) April 4, 2021
Selon les médias algériens, Said Chetouane a déclaré avoir été victime d' »attouchements sexuels » par des policiers lors de son interpellation samedi à Alger.
Arrêté lors d’une marche organisée par des Hirakistes à Alger-centre (Bab El Oued), il a été relâché après plus de huit heures de garde à vue.
A sa sortie du commissariat vers 23h, Said Chetouane est traumatisé, sous le choc, en pleurs. Il révèle avoir été victime de « violence psychologique » et d' »attouchements sexuels ».
« Après mon interpellation, ils ont commencé à toucher mes parties intimes avant que je sois embarqué dans le fourgon de police », a témoigné Said Chetouane en larmes, cité par des médias locaux.
#justicepoursaid #justiceforsaid
Ce pays est un enfer !! .. regardez-le … ses larmes … il voulait ses droits et il a fini comme ça !! Ce pays a beaucoup de pédophiles et nous devons les éradiquer !!Don’t trust anybody even if he’s a cop. !!! pic.twitter.com/zAUShQEVFa
— 𝙣𝙞𝙣𝙖⁷ ⟭⟬🖌 (@YunkiTrivia) April 4, 2021
En mars dernier, Le Haut Commissariat aux Nations-Unies chargé des questions des Droits de l’Homme, par la voix de son Porte-Parole Rupert Colville, s’est dit fortement « préoccupé » par la détérioration de la situation des Droits de l’Homme en Algérie et par la répression continue et croissante des partisans du mouvement algérien « Hirak ».
M. Rupert Colville a pointé d’un doigt accusateur les forces de sécurité algériennes pour usage de force excessive ou inutile tout en procédant à des arrestations arbitraires pour réprimer des manifestations pacifiques et poursuivre des personnes exprimant des opinions dissidentes.
Le responsable onusien a révélé, par ailleurs, avoir reçu de nombreux témoignages de cas de torture et de mauvais traitements en détention, y compris des violences sexuelles.
Said Chitouane, 15 ans, a été arrêté alors qu’il manifestait pacifiquement a Alger et a été agressée sexuellement au poste de police.#justicepoursaïd pic.twitter.com/Xb0URfKm8H
— zerekko (@zerekkoo) April 3, 2021
Même son de cloche, du côté d’un collectif d’organisations de défenses des droits de l’Homme en Algérie qui a dénoncé une répression du Hirak qui « fait réapparaitre au grand jour la réalité de la torture » dans le pays.
« Les conditions d’arrestation et d’incarcération des détenus d’opinion, rapportées par les avocats confirment des cas de maltraitance, de violence et de torture dans différentes structures de police et services de sécurité ainsi que dans les prisons », explique le Comité contre la torture, créé dans la foulée des révélations faites devant la chambre criminelle près la cour d’Alger par le jeune étudiant Walid Nekkiche.
Comprenant le comité National de Libération des Détenus, la coordination Nationale des Universitaires Algériens pour le Changement et des membres du collectif des Avocats de la défense des détenus d’opinion, le comité a appelé les autorités algériennes à mettre un terme à la torture et l’utilisation de la justice comme instrument de répression.
#JusticePourSaïd
Svp signé cette pétition et la partager et si vous avez une difficulté d’accès utilisez un VPNhttps://t.co/feVK0gIjXx— Titan67dz (@Titan67dz) April 4, 2021
« Depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, la torture salit notre histoire et l’impunité des tortionnaires est couverte par le pouvoir politique, la justice, l’Etat et ses appareils », regrette-t-il, ajoutant que de Bachir Hadj Ali à Nekiche, plus d’un demi-siècle où la torture continue de sévir.
« Quelle différence entre l’Etat colonial qui torture les Algériens en lutte pour leur indépendance et l’Etat algérien indépendant qui torture ses citoyens pour délit d’opinion ? », se demandent les auteurs de ce communiqué.
« Les sévices physiques, psychologiques et sexuels subis par Walid Nekiche infligés par des services de sécurité après son arrestation le 26 novembre 2019 est un acte d’une extrême gravité qu’on ne peut pas laisser passer », lancent-ils.
En révélant ces sévices, devant les magistrats, Walid Nekiche a brisé le mur de l’omerta, ont-ils noté, relevant que ce jeune étudiant a été d’un courage exemplaire, qui fera date dans l’histoire des luttes en Algérie.
Rien ne va, aucune procédure respectée, un mineur interrogé par des flics sans avocat ni présence de son tuteur, un gamin traumatisé victime d’agression sexuelle, État en déliquescence, le règne de l’arbitraire, la loi de la jungle, justice nulle part.#JusticepourSaïd
— Lisa ✨ (@MissCoutchou) April 4, 2021