France: les soignants de retour mardi dans la rue pour « maintenir la pression » sur l’exécutif
Quinze jours après une première journée de mobilisation très suivie, les soignants vont de nouveau battre le pavé mardi pour réclamer plus de moyens pour l’hôpital, alors que le « Ségur de la santé » entre dans sa dernière ligne droite.
Un « deuxième round » de manifestations pour « élever le rapport de force »: « Après le succès de la journée du 16 juin, il faut maintenir la pression sur le gouvernement et l’obliger à s’engager dans de réelles négociations », a prévenu la CGT dans un communiqué.
Voilà deux semaines, plus de 100.000 manifestants selon des sources policières (180.000 pour les organisateurs) avaient participé aux rassemblements organisés un peu partout en France. Une réussite, malgré des affrontements entre casseurs et forces de l’ordre qui ont terni certains cortèges.
La mobilisation sera-t-elle de même ampleur mardi? Dans le sillage de la CGT, la plupart des syndicats de la fonction publique hospitalière (FO, Unsa, SUD) ainsi que les collectifs de soignants (Inter-Urgences, Inter-Hôpitaux) ont appelé les « blouses blanches » à défiler.
Plusieurs organisations de médecins hospitaliers, dont l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), Action praticiens hôpital (APH) et Jeunes médecins, ont par ailleurs décidé de se joindre au mouvement.
« Ce coup-ci, on espère être entendu. On a pris la vague du Covid en pleine face: il faut que le gouvernement agisse concrètement, et insuffle de l’argent dans l’hôpital », a insisté lors d’une conférence de presse le vice-président de l’APH, Jean-François Cibien.
Au total, près d’une centaine de rassemblements sont prévus un peu partout en France, principalement devant des hôpitaux et des agences régionales de santé (ARS). Parmi les villes concernées figurent Nancy, Vannes, Dijon et Charleville-Mézières.
A Paris, le cortège s’élancera à 14H00 de l’ancien hôpital militaire du Val-de-Grâce (Ve arrondissement), aujourd’hui à l’abandon. Il passera devant l’hôpital Cochin, puis l’hôpital Necker, pour aboutir devant le ministère de la Santé.
« Saines pressions »
Cet « acte II » de la mobilisation survient alors que le « Ségur de la santé », lancé le 25 mai par Edouard Philippe, est entré cette semaine dans sa dernière ligne droite, avec une première annonce sonnante et trébuchante du gouvernement.
Lors d’une réunion avec les syndicats, le ministre de la Santé Olivier Véran a ainsi mis sur la table mercredi une enveloppe de six milliards d’euros pour augmenter la rémunération des personnels hospitaliers non médicaux.
Cette somme inclut une hausse générale des salaires dans la fonction publique hospitalière, une refonte des primes, ainsi que des hausses ciblées sur certaines professions, qui pourraient être étendues aux établissements privés.
« Cette annonce » est « à inscrire à l’actif des luttes menées », mais elle est « très loin de répondre aux revendications des personnels », a réagi dans un communiqué la CGT, qui revendique de son côté un plan global pour l’hôpital chiffré à 57 milliards d’euros.
« On connaît enfin le bas de la fourchette », a réagi de son côté Force ouvrière, disant vouloir « peser de tout (son) poids » pour obtenir plus de moyens. Le Ségur de la santé « entre dans le dur » et « la négociation ne fait que réellement commencer », a insisté le syndicat.
Concernant les médecins hospitaliers, qui font l’objet d’une négociation à part, aucune enveloppe financière n’a, à ce stade, été fournie. Mais une nouvelle séance de discussions est prévue lundi après-midi, en présence d’Olivier Véran.
« Il faut qu’on avance (…). Ça fait un moment qu’on est en discussions et on n’a toujours pas de propositions concrètes. Les attentes sont énormes », a prévenu le président de l’Intersyndicale des internes, Justin Breysse.
Les discussions – qui portent également sur les questions de gouvernance, d’investissement et de territoires – doivent en théorie prendre fin cette semaine. Les annonces gouvernementales sont attendues pour leur part dans la semaine du 6 juillet.
« J’ai la volonté que, d’ici quinze jours, nous ayons abouti », a prévenu jeudi Olivier Véran dans un entretien au Monde. En disant prendre acte de la position des syndicats: « Qui dit négociation dit un peu d’échanges et de saines pressions de part et d’autre, c’est tout à fait normal ».