Etats-Unis: les secrets des cyber-attaques d’Obama contre l’Iran
Un livre révèle l’ampleur des attaques informatiques de Washington contre le programme nucléaire de Téhéran, sujets qui relèvent en principe du secret d’Etat. Un scoop qui tombe à pic pour la Maison-Blanche.
"Les Israéliens sont allés trop loin"
Pas de chance: à l’été 2010, le virus se répand dans l’ordinateur d’un ingénieur de Natanz, puis sur Internet, où il se réplique. Ainsi exposé, le code est disséqué par les experts informatiques du monde entier, qui lui trouvent une parade. Qui est à l’origine de cet accident de parcours ? "Ça ne peut être que les Israéliens, aurait dit Joe Biden, le vice-président, en apprenant la nouvelle. Ils sont allés trop loin." Depuis lors, d’autres virus ont été mis au point, semble-t-il, et les offensives ont repris de plus belle.
Inédit dans l’histoire des Etats-Unis, le programme de cyberattaques inquiéterait Barack Obama: le président craint que des hackers, des terroristes ou d’autres Etats tirent parti de son existence pour justifier des actions semblables menées contre les systèmes informatiques aux Etats-Unis. Ses préoccupations n’ont pas empêché la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, de reconnaître pour la première fois, le 23 mai, que ses services altèrent le contenu des sites Web gérés par des proches d’Al-Qaeda. A l’avenir, selon Sanger, l’administration envisage d’utiliser ces techniques contre la Corée du Nord, voire la Chine.
Les journalistes normalement constitués se réjouiront d’une telle avalanche de révélations, dont ils feront leur miel. Reste à comprendre pourquoi, à Washington, les plus hauts représentants de l’Etat semblent avoir approuvé le principe de "fuites". Qu’elles soient dans l’intérêt des Etats-Unis paraît douteux. En revanche, elles servent l’image de Barack Obama, candidat à sa propre succession. C’était sans doute une condition nécessaire à la diffusion de ces informations. Etait-elle suffisante?
(1) Confront and Conceal. Obama’s Secret Wars and Surprising Use of American Power (Confronter et cacher. Les guerres secrètes d’Obama et l’utilisation surprenante de la puissance américaine, non traduit en français, édité par Crown Publishing Group).
(Express)