Dix ans de succès pour les « Machines de l’île » de Nantes et leur éléphant géant articulé

Il promène chaque jour sa carcasse métallique de 48 tonnes à Nantes, dans l’ouest de la France, mais son barrissement est célèbre jusqu’aux Etats-Unis: le Grand Eléphant a lancé il y a dix ans la saga des « Machines de l’île », un bestiaire de créatures monumentales qui ont fait la renommée de Nantes à l’étranger.

Le projet, un peu fou, naît au début des années 2000: faire d’un pachyderme de bois et d’acier haut de 12 mètres et de monstres marins tournoyant dans un manège –et bientôt d’un "Arbre aux hérons" de 32 mètres embarquant les visiteurs pour un vol sur les grands échassiers– les leviers de l’attractivité touristique de Nantes.

La ville mandate alors Pierre Orefice et François Delarozière, deux spécialistes du théâtre de rue passés par la compagnie de théâtre de rue Royal de Luxe, une autre institution nantaise de renommée internationale.

Objectif: inciter les habitants à franchir la Loire et faire venir touristes du monde entier sur l’île de Nantes, une île fluviale sur la Loire, en friche depuis la douloureuse fermeture des chantiers navals en 1987.

"Quand on a proposé l’idée, beaucoup de gens disaient +mais un éléphant, c’est quoi cette histoire?+ Et puis, finalement, c’était magique, les Nantais l’ont tout de suite adopté et aujourd’hui on en est à 650.000 visiteurs par an. Donc on remplit le marché initial qui était de rendre cette ville plus attractive et plus visible dans le monde", atteste Pierre Orefice, directeur des Machines de l’île.

Le Grand Eléphant n’a jamais quitté l’île de Nantes depuis ses premiers pas, le 30 juin 2007, et pourtant "son aura s’agrandit d’année en année", souligne son créateur, François Delarozière.

Une courte vidéo, diffusée sur un site de voyage américain en 2016, qui s’amusait de "l’obsession" en France de voyager sur cet éléphant mécanique, a fait "38 millions de vues", s’exclame-t-il.

Chaque sortie du pachyderme est presque toujours accompagnée d’un essaim d’enfants et d’adultes s’émerveillant de l’eau jaillissant de sa trompe et tout aussi subjugués par sa machinerie à vue et les 62 vérins nécessaires à sa mise en mouvement.

"Si on vient voir ces machines depuis dix ans, depuis le monde entier maintenant, c’est parce qu’elles sont libres dans la ville, dans l’espace public, à l’opposé d’un parc d’attractions. On n’a jamais vu ça ailleurs", avance François Delarozière.

Le site devra cependant faire sans sa "locomotive" pendant trois mois l’hiver prochain, le Grand Eléphant partant en maintenance après près de 20.000 km parcourus depuis ses débuts, pour revenir doté d’un moteur hybride moins polluant et moins bruyant.

L’opération sera réalisée à la vue des visiteurs, depuis les coursives de l’atelier de la compagnie La Machine, créée par François Delarozière, également fabricant du cheval-dragon Long Ma, présenté en 2014 à Pékin et qui a fait depuis le tour du monde.

C’est dans cet atelier jouxtant les nefs qu’ont pris vie le Calamar à rétropropulsion, la Raie Manta ou les poissons volants peuplant depuis 2012 le "Carrousel des mondes marins", mais aussi les prototypes du futur Arbre aux hérons, présentés dans la "Galerie des machines" — un laboratoire ouvert où le public peut prendre les commandes d’une fourmi géante ou d’une chenille arpenteuse.

L’arbre en acier végétalisé de 50 mètres de diamètre sera une "cité dans le ciel" composée de 22 branches, de jardins suspendus et de tout un bestiaire d’oiseaux mécaniques.

Il doit ouvrir au public en 2021, dans une carrière de granit située de l’autre côté de la Loire, au pied du Musée Jules Verne.

Accessible par le tronc, il sera surmonté de deux hérons géants capables de faire voler chacun une vingtaine de personnes.

Sa construction, maintes fois repoussée, a été officialisée en juillet 2016 et son coût, estimé à 35 millions d’euros, sera supporté à parts égales entre Nantes, des fonds privés et d’autres partenaires publics.

Avec cette nouveauté, "les Machines de l’île" visent… le million de visiteurs.

afp

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