Le ministre américain de la Défense Mark Esper a soutenu dimanche la décision de révoquer le commandant du porte-avions Theodore Roosevelt qui avait tiré le signal d’alarme pour faire évacuer son navire contaminé par le coronavirus.
Mais M. Esper, manifestement embarrassé, s’est gardé d’endosser pleinement à son compte cette sanction et a refusé de dire si elle emportait l’adhésion de l’état-major militaire.
Le secrétaire à la marine, Thomas Modly, « a pris une décision difficile (…). J’ai entièrement confiance en lui et en les dirigeants de la Navy. Et je soutiens leur décision », a affirmé le chef du Pentagone sur la chaîne ABC.
Mark Esper a également refusé de dire si le président Donald Trump avait pesé sur la décision.
Le commandant de l’USS Theodore Roosevelt, Brett Crozier, a été démis de ses fonctions jeudi après avoir écrit une lettre de plusieurs pages à sa hiérarchie demandant l’évacuation immédiate de son navire, immobilisé à l’île de Guam dans le Pacifique, plusieurs cas de Covid-19 ayant été enregistrés dans le bâtiment.
« Nous ne sommes pas en guerre. Il n’y a aucune raison que des marins meurent », s’exclamait le capitaine Crozier dans cette missive qui a fuité et a été publiée par le quotidien californien San Francisco Chronicle.
Un geste qui n’a pas plu au président américain.
« C’est affreux ce qu’il a fait, d’écrire une lettre », a commenté Donald Trump samedi lors de sa conférence de presse quotidienne sur le coronavirus.
Le limogeage immédiat sans enquête formelle préalable de Brett Crozier, acclamé par ses marins lors de son départ du navire, a été vivement critiqué, notamment par plusieurs élus démocrates.
« Le commandant Crozier a été fidèle à son devoir, à ses marins et à son pays », a tweeté vendredi le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden. « La direction de la Navy a envoyé un message glaçant sur la façon de dire la vérité à ceux qui ont le pouvoir ».
« C’est l’administration Trump qui a manqué de jugement, pas un officier courageux qui a cherché à protéger ses marins », a-t-il ajouté.
Mark Esper a précisé dimanche qu’une enquête était en cours et que seuls 155 marins avaient été testés positifs au coronavirus, ne présentant que des « symptômes modérés », sur un total de 4.865 membres d’équipage.
Actuellement en quarantaine sur l’île de Guam, Brett Crozier aurait lui-même été testé positif au coronavirus, a annoncé dimanche le New York Times, une information qui n’a pas été immédiatement confirmée par la marine américaine.