Algérie-France – Valls et Macron à Alger : enjeux d’une visite pas comme les autres
Alors que la France a été délogée par la Chine de sa place de premier partenaire commercial, cette visite est stratégique à plus d’un titre.
L’Algérie dans le rouge
Un déplacement très attendu par l’Algérie, ancien bon élève du Maghreb, aujourd’hui plombé par la chute des prix du pétrole et du gaz, et dont les recettes d’exportations dépendent à 97 % des hydrocarbures. « Depuis l’été 2014, les revenus pétroliers de l’Algérie ont chuté de 70 % », rappelait récemment par communiqué le président Bouteflika, dont la santé inquiète toujours autant et qui s’entretiendra, hors caméra, avec la délégation française. Un contexte légèrement rebutant pour les investisseurs. Troisième client de l’Algérie pour ses achats de gaz, la France a perdu en 2013 son statut historique de premier fournisseur au profit de la Chine qui a notamment beaucoup investi dans le BTP.
La finalisation de l’usine de Peugeot d’Oran
Avec presque 13 % de chômage et plus de 25 % chez les jeunes, les indicateurs algériens sont au rouge. Cette rencontre devrait néanmoins marquer la finalisation de l’implantation de l’usine Peugeot à Oran, reportée depuis le mois de février. La marque française va ainsi emboîter le pas de Renault, installé depuis dix-huit mois près de la deuxième plus grande ville d’Algérie. Le chantier devrait être lancé l’été prochain et permettre, d’ici à 2019, la fabrication de trois modèles, dont 10 % de la production sera destinée à l’exportation. L’investissement devrait approcher les 100 millions d’euros. Une implantation stratégique également pour l’Algérie qui cherche à diversifier son économie, trop dépendante des hydrocarbures, et dont elle subit aujourd’hui les carences.
Une dizaine d’accords prévus
Une visite que Paris prend également très au sérieux. En témoigne la délégation française composée de dix ministres, dont le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve venu pour travailler sur la coopération antiterroriste et la gestion des risques de la poudrière libyenne. Le programme s’annonce chargé, une dizaine d’accords doivent être signés dans les domaines de la santé, des énergies renouvelables et de l’agroalimentaire. Une nouvelle étape dans la relance de la coopération économique entre les deux pays après le dernier Comité mixte économique franco-algérien en octobre dernier (Comefa) au cours duquel neuf accords concernant notamment les transports et l’agriculture avaient été signés. Depuis plusieurs semaines, les visites s’échelonnent. Jean Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères, le 29 mars, et Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, une semaine avant lui, ont précédé ce déplacement massif de l’appareil gouvernemental français.