Algérie: des journalistes en détention

Plusieurs journalistes algériens ont été arrêtés en marge ou non du mouvement populaire (« Hirak ») antirégime.

Plusieurs journalistes algériens ont été arrêtés en marge ou non du mouvement populaire (« Hirak ») antirégime ayant mené à la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019.

La plupart des journalistes ont été libérés mais certains font toujours face à des poursuites judiciaires, tandis que d’autres restent en prison.

 KHALED DRARENI, 39 ans

Fondateur et directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune, il est également correspondant de la chaîne de télévision française TV5 Monde et représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Algérie.

Il a été placé le 29 mars en détention préventive au centre pénitentiaire de Koléa, à l’ouest d’Alger, dans l’attente de son procès. Il est accusé d' »incitation à attroupement non armé et d’atteinte à l’intégrité du territoire national ».

« Khaled Drareni couvrait une manifestation du +Hirak+ et prenait des photos pour son site », témoigne Me Mustapha, Bouchachi, un de ses avocats.

Ces derniers ont déposé jeudi une demande de libération provisoire auprès du juge d’instruction. « Je suis optimiste », affirme à l’AFP Me Nassima Rezazgui, autre membre de son collectif de défense.

L’instruction étant toujours en cours, le procès n’a pas encore été programmé.

SOFIANE MERAKCHI, 35 ans

Correspondant de la chaîne libanaise Al Mayadeen et père de trois enfants, il a été mis en détention préventive le 26 septembre 2019.

Accusé d’abord « d’atteinte à l’intégrité nationale » et « d’autres accusations standards contre les acteurs du Hirak », la justice l’a finalement condamné à huit mois de prison pour « contrebande de matériel sensible », selon son avocate Me Faiza Guettache.

D’après elle, M. Merakchi a acheté sur la toile un appareil pour augmenter le débit internet et pouvoir diffuser en direct ses interventions télévisées.

M. Merakchi assure avoir utilisé ce matériel au vu et au su de tous durant plusieurs mois, y compris pour couvrir les activités d’institutions officielles, sans qu’on l’informe d’une quelconque interdiction.

Avant de rejoindre la chaîne libanaise, il avait travaillé durant dix ans à la radio publique et avait reçu plusieurs distinctions.

« Sofiane Merakchi est un journaliste professionnel qui se retrouve en prison parce qu’il a couvert le Hirak », accuse Me Guettache. Son procès en appel est prévu le 21 mai.

« Merakchi faisait des directs pour une chaîne arabophone qui émettait au Moyen-Orient. Cela n’a pas plu », abonde Hakim Addad, militant du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), un mouvement pro-contestation, qui l’a côtoyé en détention.

Selon l’ONG Article 19, Sofiane Merakchi a été le premier journaliste algérien arrêté dans le cadre du « Hirak ». Son arrestation n’avait toutefois pas été médiatisée.

 BELKACEM DJIR, 33 ans

Journaliste de la chaîne d’information privée Echourouk News où il réalise et présente des émissions politiques, il a été placé en détention le 15 juillet 2019.

La plupart des avocats ont refusé d’évoquer son cas publiquement, reconnaissant en privé que « son dossier est sensible. »

M. Djir est accusé d’usurpation de fonction et de chantage. Son procès est prévu le 17 mai.

Selon Me Guettache, il est « victime des zones d’ombres qui entourent le travail d’investigation des journalistes ». Il se trouvait, selon elle, « au mauvais endroit avec la mauvaise personne » au moment des faits.

L’état psychologique de M. Djir, père de deux jeunes enfants, « se détériore », s’inquiète son avocate, confirmant le témoignage d’ex-détenus.

« Belkacem Djir est extrêmement fragile psychologiquement, il a peur de ce qui l’attend. Il est très pieux et s’accroche à la religion », témoigne Hakim Addad, du RAJ.

Son avocate précise qu’il a travaillé sur plusieurs affaires de corruption.

 ABDESSAMI ABDELHAI, 48 ans

Journaliste arabophone pour Jaridati, il a été reconnu coupable d’avoir aidé le patron de ce journal à partir en Tunisie en août 2013 alors qu’il était sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire national.

Il purge une peine de trois ans de prison.

ANIS RAHMANI, 49 ans

Journaliste et PDG du plus important groupe de médias privé algérien Ennahar, il est en détention provisoire depuis le 14 février pour une affaire de corruption et dans une autre pour « outrage à corps constitué et atteinte à la vie privée ».

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