L’informaticien de 35 ans a quitté sous bonne garde, peu après 9H30, le pavillon de Gray-la-Ville, où le couple résidait et où s’était déroulée la première phase de la reconstitution. Celle-ci devait répondre à une interrogation centrale: comment Jonathann Daval explique-t-il la violence des coups relevée par le médecin légiste ? Le jeune homme avait jusque-là "minimisé" leur brutalité, selon une source proche du dossier.
La deuxième phase, dans le Bois d’Esmoulins, à 5 kilomètres de Gray-la-Ville, vise principalement à lever les doutes sur le rôle joué par Jonathann Daval dans la crémation partielle du corps d’Alexia, sur laquelle il a jusqu’à présent refusé de s’exprimer.
Pour cette deuxième phase, la gendarmerie a déployé les grands moyens afin d’interdire l’accès à la zone aux journalistes et à d’éventuels curieux: hélicoptère, drone et patrouilles à cheval… Un photographe, qui tentait de couper à travers les champs, a été promptement intercepté par les gendarmes.
Depuis l’aube, Jonathann Daval fait face à la famille d’Alexia qui, fait exceptionnel, assiste à la reconstitution: ses parents, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, ainsi que sa soeur Stéphanie et son beau-frère Grégory Gay, entourés de leurs avocats.
A son arrivée à Gray-la-Ville, Isabelle Fouillot, très éprouvée, avait dit espérer que cette reconstitution ferait "bouger les choses" et que face à la famille d’Alexia, Jonathann Daval serait amené à "parler davantage".
"Est-ce qu’il y a complicité, est-ce qu’il y a préméditation, qui a brûlé le corps, et pourquoi de telles choses, pourquoi de telles horreurs, parce qu’il n’y a rien qui puisse justifier des actes aussi horribles ?", s’était-elle interrogée devant les micros de France Inter et de BFMTV.
Pour Me Jean-Marc Florand, l’un des avocats des parties civiles, qui "envisage un procès l’année prochaine" aux assises, la question de la "carbonisation (partielle) du corps" d’Alexia devait être au coeur de la reconstitution.
"Sacrilège"
Soit Jonathann Daval "continue de dire que ce n’est pas lui et l’on entend sa parole et dans ce cas-là ce n’est ni le loup-garou, ni le Saint-Esprit, donc c’est un tiers", soit il le reconnaît "et la boucle est bouclée", a-t-il déclaré devant la presse.
"L’impact de la crémation sur une cour d’assises serait très négative" dans "une civilisation judéo-chrétienne où la crémation non volontaire du corps est considérée comme un sacrilège" et "une épreuve supplémentaire infligée à la famille", a-t-il relevé.
Autre avocat des parties civiles, Me Gilles-Jean Portejoie espère que cette situation créera un "choc de la vérité" qui le fera craquer, comme en décembre quand, confronté à la mère d’Alexia, Jonathann Daval avait, en pleurs et à genoux, reconnu pour la deuxième fois le meurtre de sa femme.
Les explications du mari, qui a multiplié les revirements depuis son interpellation trois mois après le meurtre, sont donc très attendues et chacun de ses gestes méticuleusement photographié et scruté, dans la perspective d’un procès aux assises où il encourra la réclusion à perpétuité.
Arrêté à la stupeur générale en janvier 2018 après avoir campé pendant des mois le rôle du veuf éploré, ce discret informaticien de 35 ans avait avoué le meurtre en garde à vue, acculé par des éléments accablants (relevés du "tracker" sur son véhicule professionnel, fragment de drap du couple retrouvé près du corps…).
Il était ensuite revenu sur ses aveux, accusant son beau-frère et invoquant un "complot familial". Avant de reconnaître une seconde fois avoir étranglé son épouse lors d’une violente dispute, devant sa belle-mère en décembre.