Les 190.000 candidats au bac professionnel passent eux l’épreuve de français.
"Est-il possible d’échapper au temps ?", "Reconnaitre ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?", explications d’un extrait de l’oeuvre de Freud ou des Essais de Montaigne figurent parmi les sujets proposés aux élèves.
"Au moins, on commence par le plus dur", déclare Imene, 17 ans, devant le lycée Jean-Monnet de Strasbourg peu avant le début de l’épreuve. Elle est en Terminale L, avec un coefficient 7 pour la philo, une épreuve qu’elle qualifie donc de "décisive".
Une quinzaine de professeurs se sont rassemblés devant le lycée, avec pancartes et banderoles, pour protester contre les réformes du ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer.
Pour la première fois depuis 2003, plusieurs syndicats enseignants ont appelé à une grève de la surveillance en ce premier jour du bac. Le ministre, qui a qualifié ce mouvement d’"incompréhensible" lundi sur France Inter, a assuré que les épreuves allaient se dérouler "normalement", "selon les premières remontées de la matinée". Les chefs des centres d’examen ont de toute façon prévu des réservistes pour pallier un éventuel manque de surveillants.
Sur les réseaux sociaux et devant des lycées, des profs en grève ont publié ou distribué des sujets de philo parodiques pour exprimer leur exaspération: "Communiquer, est-ce dialoguer ?", "Le mépris est-il de bonne gouvernance ?" etc.
A Lyon, devant le lycée Ampère, Alfred, en terminale S, dit ne pas avoir "beaucoup révisé, juste relu deux ou trois définitions", espérant tomber sur "le travail" ou "la liberté", "car c’est plus simple à développer, on a plus d’exemples de la vie courante sur lesquels s’appuyer".
Ayah, 16 ans, a accompagné sa soeur ainée. "Je stresse pour elle. Je me projette aussi, le bac, on nous en parle dès la seconde, c’est assez angoissant", confie-t-elle.
Pas de perturbation à Ampère. Mais au lycée Robert-Doisneau de Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, une vingtaine d’enseignants faisaient le pied de grue devant l’établissement, sous une banderole accrochée aux grilles. Ils devaient retrouver d’autres collègues grévistes devant le rectorat de Lyon en matinée.
Bac "local"
L’intersyndicale ayant appelé à la grève –qui regroupe notamment le Snes-FSU, premier syndicat chez les enseignants du secondaire, et SUD-Éducation — entend protester contre la réforme du bac qui entrera en vigueur en 2021 et réduira notamment le nombre d’épreuves finales de l’examen au profit du contrôle continu et s’accompagne d’une refonte de l’enseignement au lycée.
Les syndicats voient dans cette transformation l’instauration d’un bac "local", dont la valeur dépendra du lycée dans lequel le jeune aura effectué sa scolarité, et s’attendent à "un rythme effréné d’évaluations" via le contrôle continu.
Ils se disent par ailleurs exaspérés par ce qu’ils voient comme une absence de réponse du ministre à leurs inquiétudes sur la réforme de cet examen bicentenaire.
L’épreuve de philosophie, qui depuis les années 70 donne le coup d’envoi de la semaine d’épreuves pour une grande partie des candidats, sera maintenue dans le nouveau bac.
L’après-midi dans les centres d’examen sera consacrée à l’épreuve anticipée de français pour les élèves de première en bac général et technologique.
Les épreuves du bac se termineront le 24 juin pour les filières scientifiques (S) et littéraires (L), et dès le 21 juin pour la filière économique et sociale (ES). Dans la voie pro, où les jeunes ont déjà passé plusieurs épreuves, les examens se dérouleront du lundi au mercredi.
Pendant la semaine d’épreuves, la procédure d’admission dans le supérieur, Parcoursup, est par ailleurs suspendue. Elle reprendra le 25 juin, avec une nouvelle phase dite complémentaire, qui permettra aux candidats de formuler des voeux sur des places restées vacantes sur la plateforme.
Les résultats du bac seront connus le 5 juillet et les rattrapages s’étaleront jusqu’au 10. Depuis 2012, le taux de réussite dépasse les 80 %. En 2018, 88,2 % des candidats ont empoché le diplôme. Mais la proportion de bacheliers dans une génération est nettement plus faible: un jeune sur cinq âgé de 18 ans n’avait pas le bac en 2018.