Le candidat de l’AfD Sebastian Wippel a reçu lors de ce deuxième tour 44,9 % des voix, derrière Octavian Ursa, représentant de la CDU d’Angela Merkel (55,1 %) et soutenu par le reste de la classe politique pour faire barrage à la formation anti-migrants qui pouvait ambitionner de prendre la tête de cette ville de 55.000 habitants.
Pour l’une des figures du parti d’extrême droite, Alice Weidel, un tel score reste un "énorme succès", a-t-elle écrit sur twitter.
Le secrétaire général de la CDU, Paul Ziemiak a lui aussi salué un "grand succès".
Car le scrutin de Görlitz a valeur de test avant une succession, après l’été, de scrutins à haut risque dans plusieurs Länder de l’Est, dont la Saxe le 1er septembre, où l’extrême droite réalise ses meilleurs scores. Déjà, des sondages donnent l’AfD en tête, devant la CDU de Mme Merkel et ses alliés du SPD, un camouflet.
Ces régionales pourraient donc décider du sort de la coalition, déjà chancellante, de la chancelière et entraîner la fin prématurée de la longue carrière de Mme Merkel, désireuse de rester aux manettes jusqu’au terme de la législature, en 2021.
Car le SPD compte annoncer cet automne s’il quitte ou non le gouvernement, notamment du fait de sa série de revers électoraux. Une nouvelle déroute aux régionales pourrait être celle de trop.
Sa popularité est au plus bas, avec 11 % d’intentions de vote au niveau national selon le récent sondage Forsa pour RTL, derrière des Verts en plein essor (27 %), la CDU en baisse (24 %) et l’AfD à 13 %.
A Görlitz, le candidat de l’AfD, un ex-policier de 36 ans adepte d’arts martiaux, était arrivé en tête au premier tour de l’élection municipale fin mai avec 36,4 %.
Son concurrent arrivé 2e a pu compter sur le soutien des Verts, force montante en Allemagne : la candidate écologiste, Franziska Schubert, bien qu’en position de se maintenir avec 27,9 %, s’est désistée en appelant ses électeurs à voter pour "l’ouverture sur le monde" de cette ville séparée de la Pologne par la rivière Neisse.
Le candidat de l’AfD a réagi à sa défaite en estimant que "la CDU a travaillé avec tout le monde, même les extrémistes de gauche" pour gagner, référence au front uni pour le faire battre.
Sebastian Wippel est un des premiers membres de l’AfD, parti qui bouleverse le paysage politique allemand, plus particulièrement depuis l’ouverture du pays par la chancelière à des centaines de milliers de migrants en 2015.
Les artistes se mobilisent
Dans la ligne de sa formation, il a mis l’accent durant la campagne sur la sécurité et la lutte contre l’immigration dans une ville qui concentre tous les maux de l’ex-Allemagne de l’Est: vieillissement de sa population, taux de chômage supérieur à la moyenne nationale, sentiment de déclassement.
La ville, dont le centre historique au style baroque a été épargné par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, a pourtant des atouts qu’affectionnent les touristes.
Elle est aussi devenue un lieu de tournages privilégié, y compris pour les grosses productions américaines comme "Grand Budapest Hotel" ou "Inglourious Basterds". George Clooney, Kate Winslet, Emma Thompson ou Jeff Goldblum ont tous tourné à "Görliwood".
Plusieurs dizaines d’artistes, dont Bernhard Schlink, auteur du best-seller "Le Liseur", ou l’acteur Daniel Brühl, révélation de "Goodbye Lénine", avaient d’ailleurs lancé un appel avant l’élection dimanche à ne pas livrer la cité à la "haine".
Une initiative de "gens n’habitant pas à Görlitz" qui n’émeut guère M. Wippel.