"La France appelle à ce qu’un dialogue national, constructif, puisse s’enclencher en Irak", a déclaré le président après s’être entretenu avec Nechervan Barzani et le vice-Premier ministre Qoubad Talabani.
M. Barzani lui a répondu, en assurant que les autorités kurdes étaient "prêtes à entamer des négociations pour régler tous les problèmes" avec Bagdad. Il a souligné que la France pouvait "jouer un rôle très important" dans ce processus.
La crise persiste entre Erbil, capitale du Kurdistan irakien, et le gouvernement irakien, deux mois après le référendum d’indépendance organisé par les autorités kurdes et auquel Bagdad s’était fermement opposé.
Depuis, M. Macron, qui a reçu le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi le 29 octobre, cherche à "faciliter le dialogue" en profitant "des bonnes relations que Paris entretient avec les différentes parties" selon l’Elysée.
"Avoir un Irak fort, réconcilié, pluraliste et qui reconnait chacune de ses composantes est une condition de la stabilité immédiate et de moyen terme" du Moyen-Orient, a déclaré le chef de l’Etat français.
Pour cela, le dialogue doit "se construire" sur plusieurs "éléments" en "plein respect de la constitution de 2005". M. Macron a ainsi appelé à "une démilitarisation progressive, en particulier de la +mobilisation populaire+ qui s’est constituée ces dernières années, et que toutes les milices soient progressivement démantelées".
Les Unités paramilitaires de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi, en arabe) sont une force combattante créée en 2014 avec le soutien de la principale figure spirituelle chiite du pays, l’ayatollah Ali Sistani. Elles chapeautent une myriade de groupes paramilitaires dominés par des milices chiites souvent décrites comme étant patronnées par l’Iran. Ces forces ont joué un rôle déterminant dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), notamment pour la reprise de Mossoul, la grande ville du nord du pays.
M. Macron a souhaité en outre que les discussions portent sur un autre sujet sensible, le budget, alors que Bagdad veut réduire les transferts financiers vers Erbil et reprendre le contrôle de champs pétrolifères qui assurent une bonne partie des revenus de la région kurde.
Pour le président français, la "nouvelle génération de dirigeants kurdes" que représentent Nechervan Barzani, neveu de l’ex-président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, et Qoubad Talabani, fils de l’ancien président irakien Jalal Talabani décédé en octobre, "a une responsabilité historique à jouer".
"La France se mettra à disposition des parties pour que ce dialogue national constructif puisse réussir", a ajouté M. Macron, en indiquant qu’il s’entretiendrait prochainement avec M. Abadi.
Nechervan Barzani a réaffirmé samedi que les Kurdes "respectaient" la décision de la cour fédérale irakienne jugeant anticonstitutionnel le référendum de septembre. Il a également assuré n’avoir "aucun problème avec le gouvernement fédéral au sujet du contrôle des frontières", Bagdad exigeant de reprendre en main celles qui sont contrôlées par les Kurdes.
Pour l’Elysée, M. Barzani "se situe dans la logique d’un cadre unifié de l’Irak", ce qui est "constructif".