Yémen: l’alliance entre les factions rebelles a du plomb dans l’aile

L’alliance entre les deux composantes de la rébellion semble avoir volé en éclats samedi au Yémen après quatre jours d’affrontements meurtriers et une ouverture de l’ex-président Ali Abdallah Saleh qui s’est dit prêt à "tourner la page" avec l’Arabie saoudite.

De violents affrontements se sont poursuivis samedi dans la capitale yéménite Sanaa entre ces factions de la rébellion, les Houthis dénonçant un "coup de force" et une "grande trahison" de leur allié, M. Saleh, qui a fait des appels du pied aux Saoudiens, ennemis jurés des Houthis accusés de liens avec l’Iran.

Des combats meurtriers opposaient les deux camps, qui contrôlent la capitale Sanaa depuis plus de trois ans, depuis mercredi.

Les deux groupes se sont affrontés pour le contrôle de positions-clés à Sanaa samedi, y compris des ministères et l’aéroport international, selon des sources sécuritaires et des témoins. En fin de journée, la capitale avait l’allure d’une "ville fantôme", selon un habitant.

Ces violences pourraient entraîner l’ouverture d’un nouveau front dans ce pays pauvre de la péninsule arabique, ravagé par la guerre et qui connaît la "pire crise humanitaire" de la planète, selon les Nations unies.

"J’appelle nos frères dans les pays voisins (…) à arrêter leur agression et à lever le blocus (…) et nous tournerons la page", a dit M. Saleh à la télévision, en référence à l’Arabie saoudite.

Ryad est intervenu en mars 2015 au Yémen, commandant une coalition militaire arabe contre les rebelles pour les empêcher de prendre le contrôle de ce pays voisin de l’Arabie saoudite, et a renforcé le blocus autour du Yémen après un tir de missile des Houthis le 4 novembre vers la capitale saoudienne.

"Nous promettons à nos frères et voisins que dès qu’un cessez-le-feu sera en place et que le blocus sera levé, nous dialoguerons directement via l’autorité légitime représentée par notre Parlement", a ajouté M. Saleh.

Cette initiative a été accueillie favorablement par l’Arabie saoudite qui était en froid avec M. Saleh depuis 2012 et qui accuse les Houthis d’être armés par son grand rival régional l’Iran.

La coalition sous commandement saoudien a encouragé la démarche de l’ex-président, affirmant qu’elle "libérera le Yémen" des "milices loyales à l’Iran".

Aux Emirats arabes unis, autre pays-clé de la coalition, le ministre d’Etat aux Affaires étrangères Anwar Gargash a parlé du "soulèvement de Sanaa" qui pourrait ramener "le peuple yéménite à son environnement arabe".

Comme Ryad, Abou Dhabi est farouchement hostile à "l’expansionnisme iranien" au Moyen-Orient.

Le conflit au Yémen a fait plus de 8.750 morts et 50.600 blessés, dont de nombreux civils, depuis mars 2015. Sept millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence.

Samedi, les responsables de plusieurs agences de l’ONU, dont l’OMS, le HCR et l’Unicef, ont appelé la coalition conduite par l’Arabie Saoudite à lever "d’urgence" et "complètement" le blocus imposé au Yémen.

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