Algérie: Grève de la faim de plusieurs détenus arrêtés après les affrontements meurtriers de Ghardaia

Plusieurs détenus arrêtés après les affrontements meurtriers ayant endeuillé en juillet 2015 la ville algérienne de Ghardaia (600 km au sud d’Alger), observent une grève de la faim illimitée pour réclamer leur libération, a indiqué leur avocat.

Cinq détenus à la prison d’El Menia arrêtés dans le cadre de ces violences ont entamé lundi une grève de la faim illimitée pour dénoncer leur emprisonnement et apporter "leur soutien au militant des droits de l’Homme Kamel Eddine Fekhar", lui aussi en grève de la faim depuis le 3 janvier dernier, a précisé Me Salah Debbouz, cité par la presse locale.

En détention sans jugement depuis son arrestation dans la foulée de ces événements, l’ex-responsable du bureau de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), Kamel Eddine Fekhar est, entre autres, accusé de "constitution d’association de malfaiteurs pour atteinte à la souveraineté de l’État, à l’unité nationale, à la sûreté de l’État, d’attroupement armé et non armé et d’incitation au meurtre". Il risque au moins vingt ans de prison, voire la perpétuité", avait averti son avocat.

Le sort de ce militant des droits de l’Homme, originaire de Ghardaïa, inquiète sa défense, ses proches et les militants des droits de l’Homme.

Observant une grève de la faim depuis presque un mois, qui a nécessité son transfert à l’hôpital suite à la détérioration de son état de santé, il risque de connaître le même sort que le journaliste Mohamed Tamalt, décédé en décembre dernier dans les mêmes conditions, après plusieurs jours de grève de la faim observée pour dénoncer sa détention arbitraire.

Echaudée par le scandale de la mort tragique du journaliste blogueur qui avait ému et consterné l’opinion nationale et internationale face à ce qui avait été qualifié de "meurtre avec préméditation" pour n’avoir pas prêté l’assistance médicale nécessaire à un malade chronique, l’administration pénitentiaire a appelé récemment les avocats et la famille Fekhar à le convaincre de cesser sa grève de la faim pour éviter l’irréparable.

Dans un même élan de communion qui s’est enclenché dans la région, un groupe de femmes mozabites se sont mises à la diète à leur tour la semaine dernière, a rapporté le journal +El Watan+.

Le mouvement risque de faire tache d’huile et dépasser les pouvoirs publics qui peineront à gérer un phénomène de grève de la faim de masse avec toutes les conséquences à l’international sur la situation des droits de l’Homme en Algérie, déjà sévèrement pointée du doigt dans les rapports des ONG, avertit le journal.

En mars dernier, la famille Fekhar a saisi le SG de l’ONU dans l’espoir qu’il intercède auprès du gouvernement algérien pour obtenir la libération de leur fils arrêté "arbitrairement", au lendemain des affrontements intercommunautaires d’une rare violence entre Arabes et Amazighs, faisant au moins 22 morts et des dizaines de blessés.

Amnesty international avait demandé aux autorités algériennes "d’enquêter de manière prompte et impartiale sur ces incidents, ainsi que sur la réponse des forces de sécurité dans le cadre des affrontements".

L’organisation internationale a également appelé les autorités à "briser le cycle de la violence dans la région de Ghardaïa en déployant les efforts nécessaires pour protéger les personnes avec équité".

Avec MAP

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