Thé amer : Les pushlines de GenZ 212 et le bla bla du gouvernement

Chronique :  C’est l’histoire d’une génération Z 212 ultra connectée et d’un gouvernement dont les membres ne savent pas encore qu’ils sont aux commandes. Une jeunesse qui ne fait pas du gaming pour le gaming, comme d’autres de l’art pour l’art. Car c’est bien le gaming qui leur a permis de s’accorder sur Discord et dire que rien ne va plus en matière de santé, d’éducation et de corruption.

En face, comme sur une autre planète, il y a l’exécutif, le chef de gouvernement, les ministres. Ils n’ont rien vu venir. Ni colère des jeunes, ni manifestations dans les rues, ni revendications. Qui a dit que gouverner, c’est prévoir ? Sûrement un naïf qui n’a jamais appartenu à ce gouvernement. Gouverner, c’est désormais être connecté pour écouter la génération Z qui revendique son droit à la santé, à l’éducation, à une vie digne. Loin des violences et des casseurs qu’elle condamne de toutes ses forces et des manipulations et ingérences qu’elle rejette avec toute son énergie.

Les codes ont changé. Les méthodes d’organisation et de revendication sont nouvelles, dans l’air du temps et du Net. Pas la façon de faire de ceux et celles qui nous gouvernent. « Organisez-vous. Le gouvernement est une institution et ne peut avoir affaire qu’à des corps organisés ! ». On croit avoir trouvé la parade peut-être même la panacée et la recette miracle. On ne traite pas avec le virtuel, la toile, des fantômes du gaming et du Net. La variante est encore plus étrange : « Mais faites des propositions concrètes », lance un ministre à un jeune au cours d’un débat à la télévision. La réponse du jeune est d’une logique implacable, d’une vérité imparable, presque cruelle. « Mais c’est vous le gouvernement. Nous on est des lanceurs d’alerte. C’est à vous de redresser les choses, d’adopter des mesures, des lois », répond le jeune connecté mais pas décontenancé.

Et quand les télévisions ont enfin ouvert les portes de leurs plateaux, leurs micros et caméras, les représentants de deux mondes fondamentalement différents ont « débattu ». Les représentants d’une jeunesse qui a la fougue de sa génération et les pushlines des podcasts (« Gouvernement des compétences ? Plutôt gouvernement des grèves ! ») et ceux du gouvernement qui n’assument rien, champions des discours creux, préférant la casquette de la majorité gouvernementale (qui n’a droit à aucune immunité) au maroquin ministériel. « Moi en tant que secrétaire général de l’Istiqlal, je pense que… » et bla bla bla et bla bla bli. « Mais tu es au gouvernement, frère ! »

Il y a aussi les bons petits soldats du chef qui montent au créneau. La meilleure défense étant l’attaque, voici qu’un journaliste TV se voit accusé par un ministre d’être le porte-parole de la GenZ 212 dès que l’homme de média évoque une éventuelle démission de l’Exécutif. Des perles, il y en a eu à la pelle. On a eu droit au fameux « vous voulez changer la situation, adhérez aux partis », en passant par « Votez pour nous en 2026 et tout changera » et enfin la menace « imaginons que le gouvernement démissionne, que se passera-t-il après ? »

Que les partis organisent des agoras numériques, que les leaders se fassent X, Y ou Z n’effacera pas ce réveil brutal d’une classe politique qui découvre une jeunesse qui, à défaut d’être politisée, à une conscience citoyenne.

 

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