En visite à Sanofi, Macron appelle à relocaliser des médicaments
Le président de la République Emmanuel Macron a appelé mardi à relocaliser une partie de la production de médicaments lors d’une visite au laboratoire Sanofi, qui va investir 610 millions d’euros pour doper ses vaccins et créer une nouvelle usine en France.
La pandémie a remis sur le devant de la scène la question de la sécurité sanitaire, avec notamment de fortes tensions sur certains médicaments, comme les curares.
« Dès jeudi, nous lancerons une initiative de relocalisation de certaines productions critiques », a annoncé le président de la République lors d’une conférence de presse à l’issue de sa visite de l’usine Sanofi à Marcy-l’Étoile, mardi.
Le chef de l’État a de nouveau pris des accents souverainistes à l’occasion de ce passage en région lyonnaise, un ton adopté avec constance depuis le début de la pandémie de Covid-19.
« Tout le monde a vu durant cette crise que des médicaments qui paraissaient usuels n’étaient plus produits en France et en Europe », a-t-il poursuivi.
Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’un « mécanisme de planification » de la production française dans le domaine de la santé, ainsi qu’une enveloppe de 200 millions d’euros pour financer des infrastructures de production.
Le géant pharmaceutique Sanofi va répondre à l’appel de l’Elysée: le groupe a annoncé dès ce mardi investir près d’un demi-milliard d’euros dans une nouvelle usine à Neuville-sur-Saône, en région lyonnaise, pour y créer un « Evolutive Vaccine Facility », spécialisé dans la production de vaccins, qui sera installé à côté d’un site de production déjà existant de Sanofi.
Cet investissement de 490 millions d’euros sur cinq ans devrait créer 200 nouveaux emplois, précise le laboratoire, et pourra produire 3 à 4 vaccins différents simultanément, contre un seul dans les sites industriels actuels.
Cette usine permettra à Sanofi de « sécuriser les approvisionnements en vaccins de la France et de l’Europe en cas de nouvelles pandémies », selon le groupe. Un enjeu crucial, alors que les États à travers le monde se sont lancés dans une course pour accéder à un vaccin contre le coronavirus, qui a fait plus de 436.000 morts à ce jour dans le monde.
« Excellence »
Quatre pays européens, dont la France, viennent d’ailleurs de signer un accord avec le laboratoire britannique AstraZeneca, qui pourrait réserver jusqu’à 400 millions de doses d’un futur vaccin à l’ensemble des pays membres de l’Union européenne, ainsi que d’autres pays européens volontaires.
Outre sa nouvelle usine, Sanofi va investir 120 millions d’euros pour créer un centre de recherche et développement sur son site de Marcy-l’Étoile, qui sera notamment consacré au développement de vaccins contre les maladies émergentes et les risques pandémiques.
« L’investissement que vous venez d’annoncer, c’est un formidable trait d’union entre les deux actes de la bataille que nous avons à conduire », a salué Emmanuel Macron à Marcy-l’Étoile, évoquant la crise sanitaire qui s’éloigne et la crise économique qui débute.
« Le projet annoncé aujourd’hui, c’est mettre Sanofi et la France à l’excellence de la lutte contre le virus et pour trouver un vaccin », a-t-il poursuivi.
Sanofi, qui est l’un des principaux acteurs mondiaux dans la production de vaccins, travaille actuellement au développement de deux vaccins contre le Covid-19, attendus courant 2021.
Mais le groupe avait créé une vive polémique le mois dernier, lorsque son directeur général Paul Hudson avait évoqué la possibilité de favoriser les États-Unis, lesquels ont investi dans sa recherche contre le coronavirus. Une déclaration peu goûtée par l’Elysée, Emmanuel Macron appelant alors à ce que ce vaccin soit « extrait des lois du marché ».
La visite du chef de l’État sur le site lyonnais du laboratoire mardi semble néanmoins montrer que ce désaccord est derrière eux.