France: début de la commission d’enquête sur le coronavirus
Que s’est-il passé avec les masques? Aurait-on pu sauver des vies dans les maisons de retraite? Le confinement a-t-il été trop tardif? Une commission d’enquête s’ouvre mardi devant l’Assemblée nationale française et entend disséquer les « défaillances » dans la gestion de la crise du coronavirus.
A l’instar d’autres pays européens, notamment l’Italie, la France s’interroge sur la gestion de la crise sanitaire qui a fait quelque 30.000 morts depuis mars.
Ministres, dirigeants d’agences sanitaires et d’administrations se succèderont à partir de mardi après-midi devant les députés pour « établir la généalogie et la chronologie de cette crise », a indiqué à l’AFP la présidente de la commission des Affaires sociales Brigitte Bourguignon (LREM), à la tête de cette commission d’enquête qui ne sera « ni un tribunal, ni un feuilleton télévisé ».
Tout le personnel politique, du président de la République aux membres de l’opposition, s’accordent à dire qu’il faut « tirer les leçons » de cet épisode inédit, qui a conduit à un confinement généralisé de huit semaines et plongé le pays dans une profonde crise économique et sociale.
Mais le satisfecit d’Emmanuel Macron, qui a fait l’éloge dimanche de la gestion de la crise sanitaire, a fait bondir l’opposition, le député de droite Eric Ciotti fustigeant notamment « un déni surréaliste », et celui de la gauche radicale Alexis Corbière évoquant un « retard à l’allumage » dès janvier.
« Tout le monde a des comptes à rendre », estime le vice-président de la commission, le socialiste Boris Vallaud.
Les 32 députés de la commission évoqueront notamment « la gestion des stocks de masques », la stratégie « en matière de tests », la « prise en charge des résidents des Ehpad (maisons de retraite médicalisées), où ont eu lieu plus du tiers des décès du Covid-19.
Le directeur général de la Santé Jérôme Salomon sera le premier sur le grill mardi après-midi, et des responsables sanitaires seront entendus mercredi et jeudi.
Des scientifiques, dont le controversé professeur marseillais Didier Raoult, promoteur de l’hydroxychloroquine, et des politiques, seront entendus fin juin.
La commission d’enquête a des pouvoirs d’investigation élargis: ses convocations sont obligatoires sous peine de sanctions pénales, les auditions se déroulent sous serment et ses membres peuvent organiser des déplacements, par exemple dans un hôpital ou un Ehpad durement touché par l’épidémie.
Le Sénat a aussi prévu sa commission d’enquête, à la fin du mois.
Ces investigations politiques cohabiteront avec la recherche d’éventuelles responsabilités judiciaires, puisque le parquet de Paris a ouvert mardi un vaste enquête préliminaire sur la gestion de la crise, visant notamment les chefs d' »homicides involontaires » ou « mise en danger de la vie d’autrui ».