Les soignants dénoncent le départ d’Agnès Buzyn du ministère de la Santé
Les personnels hospitaliers dénoncent lundi le départ d’Agnès Buzyn du ministère de la Santé « en pleine tempête », que son successeur Olivier Véran veut s’attacher à apaiser en lançant une enquête nationale sur le « mal-être » des soignants.
Trois jours après une journée de mobilisation des personnels hospitaliers pour exprimer leur attachement à l’hôpital public et leur colère devant l’insuffisance du « plan d’urgence » gouvernemental annoncé l’automne dernier, le président du collectif Inter-Urgences Hugo Huon a fustigé « une belle forme de mépris ».
« Mme Buzyn quitte le ministère (…) en pleine tempête, au lieu de répondre aux exigences des personnels et des organisations qui les représentent pour +sauver+ l’hôpital public », a commenté la CGT Santé dans un communiqué.
Également sur Twitter, le collectif Inter-Hôpitaux (CIH) a imaginé des slogans de campagne pour la nouvelle candidate à la mairie de Paris : « vous êtes pour les brancards aux urgences, votez Buzyn ! » ou encore « Vous êtes pour l’étranglement financier de l’hôpital public, votez Buzyn ! »
Les internes lèvent leur préavis
Dans un communiqué, ce collectif juge que, « depuis quatre mois, le ministère de la Santé s’est montré incapable de prodiguer autre chose que des bonnes paroles. Le changement d’interlocuteur ne change en rien les revendications ».
« Il faut réformer l’hôpital et y associer ceux qui le font vivre au quotidien », a insisté lundi le nouveau ministre lors de la passation de pouvoir. Il a annoncé « une enquête nationale » auprès de l’ensemble des « hospitaliers » pour « tenter de saisir en détail le sens de leur engagement auprès du public et les raisons du mal-être qu’ils nous disent depuis un certain nombre d’années désormais ».
« Il suffit de lire tout ce qu’ont écrit, les collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux », a répliqué lundi le CIH sur Twitter.
Au nom de l’association d’urgentistes Samu Urgences de France (SUdF), François Braun a salué auprès de l’AFP Agnès Buzyn « avec qui on a très bien travaillé » et s’est montré confiant pour la suite avec M. Véran, « dont on connaît l’investissement public pour les patients ».
La Fédération hospitalière de France (FHF) a appelé Olivier Véran « à s’engager pour l’organisation d’une convention citoyenne pour la santé », un « débat participatif » rassemblant professionnels, experts, élus et citoyens.
« Le nouveau ministre peut compter sur l’engagement de l’hospitalisation privée » pour « l’aider à mener à bien ces chantiers de la transformation du système de santé », a assuré de son côté la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP).
Les professionnels du grand âge et de la dépendance se sont montrés beaucoup plus inquiets. La déléguée générale du Synerpa (regroupant les principaux acteurs privés des EHPAD), Florence Arnaiz-Maumé, estime dans un communiqué que « ce remaniement ne doit pas se faire au détriment de la loi Grand Age et Autonomie » annoncée pour l’été 2020.
L’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) a réclamé des « mesures concrètes » et la création d’un ministère délégué aux Personnes âgées.