Municipales à Paris: Agnès Buzyn, quatre semaines pour convaincre
Quatre semaines pour convaincre: Agnès Buzyn a pris lundi les rênes de l’équipe LREM pour la course à la mairie de Paris avec le défi de sauver le parti présidentiel d’une défaite annoncée qu’Emmanuel Macron veut à tout prix éviter.
« J’y vais pour gagner », a assuré à l’AFP l’ex-ministre de la Santé, qui a quitté le gouvernement lundi matin, pour s’engager à plein temps dans cette campagne éclair, au relais d’un Benjamin Griveaux mis hors jeu après la diffusion de vidéos intimes.
« C’est un défi quasiment jamais vu, il y a énormément d’inconnues », constate le directeur général adjoint de l’Ifop, Frédéric Dabi.
Or, rappelle le politologue, « une élection municipale, c’est une alchimie entre un projet et une incarnation. Là, le projet est déjà préparé: est-ce qu’elle va s’en extraire ? »
Pour Delphine Bürkli (ex-LR), maire sortante du IXè arrondissement et candidate à sa réélection, Mme Buzyn « ajoutera peut-être dans son projet davantage de solidarité, de santé, de soins: elle va vouloir imposer sa marque ».
Quant à l’incarnation, si Mme Buzyn, issue de la société civile, « suscite moins de jugements épidermiques que Benjamin Griveaux », selon Frédéric Dabi, elle souffre d’autres handicaps: une « inexpérience » des campagnes électorales et une notoriété relative – 36 % des Français déclarent ne pas la connaître.
Arrivera-t-elle à faire revenir l’ex-LREM Cédric Villani, qui a toujours refusé de rejoindre Benjamin Griveaux ? Elle s’est en tout cas entretenue lundi par téléphone avec le mathématicien, qui a posé des « conditions » à « d’éventuelles convergences », comme « l’ouverture à un accord de second tour avec les Verts », dans le cadre d’une « Coalition climat ».
– « Apaisante »-
Chez LREM, l’enthousiasme est revenu après les tourments du week-end: Agnès Buzyn « sera une maire exceptionnelle », s’est enflammé auprès de l’AFP le numéro un du parti, Stanislas Guerini, quand le secrétaire d’État Cédric O « pense même qu’on va gagner ».
Mot d’ordre répété à l’envi par les troupes depuis lundi: Mme Buzyn est « apaisante ». Mieux, elle « rassemble »: « à la fois ex-belle-fille de Simone Veil et à l’initiative de la PMA pour toutes, elle parle aux progressistes et c’est une grande dame bourgeoise, elle enjambe la fracture Est/Ouest » de la capitale autant que « le clivage gauche-droite ».
Quid de la méthode ? « Il faut s’appuyer sur les arrondissements, sur les têtes de liste, leur savoir-faire », prône un ponte de la campagne, qui ne table que sur « un gros meeting » de la nouvelle candidate.
Lundi midi, elle a d’ailleurs déjeuné avec l’ensemble de ses têtes de liste… sans avoir encore indiqué dans quel arrondissement elle comptait elle-même se présenter.
« Ce qu’il faut qu’elle dise, c’est: +Il faut faire les choses de manière radicalement différente+, par rapport au mandat qui s’achève », poursuit un ténor LREM parisien.
Dans le camp Hidalgo, pas d’inquiétude à ce stade. « Ce qui aurait changé les choses, c’est qu’En marche se rallie à Villani », estime le premier secrétaire de la fédération socialiste de Paris, Rémi Féraud, qui ironise: « Choisir une ministre qui ne connaît rien aux dossiers de Paris, ça ne nous inquiète pas plus que ça ».
Chez les marcheurs, on attend les premiers sondages. « Si Buzyn est au même niveau que Griveaux, entre 11 et 14 %, c’est compliqué. Si elle est à 17-18 %, on peut pousser », analyse un élu. « Et si elle est à 20 %, même troisième… Tout est ouvert au deuxième tour. »