Les étudiants étrangers devront justifier de 620 euros de revenus mensuels pour venir étudier en France
Il fallait à ce jour justifier de 460 euros de ressources mensuelles pour obtenir ses papiers. Il en faudra désormais 620, soit 30 % de plus. Ce que dénoncent évidemment les associations de défense du droit des étrangers.
Au ministère de l’intérieur, on justifie ce décret par le souci de "lutter contre l’immigration irrégulière". Chaque année, une partie des 66 000 visas délivrés par ce biais seraient attribués à des "faux étudiants".
Le ministère estime s’assurer par ce relèvement de seuil que "les étudiants étudient bien". Il s’appuie pour cela sur un rapport du ministère de l’éducation nationale qui pointait en 2005 le manque d’argent des étudiants étrangers, parfois surpris par le coût de la vie en France. "Or, pour étudier dans de bonnes conditions, mieux vaut ne pas avoir à travailler à côté", soutient-on place Beauvau.
Le Gisti – Groupe d’information et de soutien des immigrés – a déposé un recours devant le Conseil d’Etat, le 4 novembre. "Notre reproche est moins la décision en soit, que le fait que cela se fasse du jour au lendemain sans laisser le temps aux étudiants de se retourner, explique Serge Slama, juriste et militant. Cela aurait pu être progressif."
"Discernement"
Selon M. Slama, le niveau de ressources requis pour étudier en France n’avait pas été modifié depuis 1982. Jusqu’à présent, la loi précisait seulement qu’il devait être équivalent à 70 % du montant de base des bourses attribuées aux étudiants étrangers. Mais le nouveau décret a supprimé cette barre. Une décision qui interroge M. Slama, alors que le Claude Guéant, le ministre de l’intérieur, s’est fixé pour objectif de baisser les flux d’immigration légale.
Au ministère, on tient toutefois à rassurer. Les conditions de ressources ne seront strictement appliquées que pour les "nouveaux" postulants. Pour les étudiants déjà en France, qui craignent de ne pouvoir renouveler leur titre de séjour et donc de devoir terminer leurs études, le décret sera appliqué "avec discernement". D’après M. Slama, les préfectures ne seraient effectivement, pour l’heure, "pas trop regardantes".