Benkirane-1 peine à former Benkirane-2
Le sommeil du Premier ministre marocain, l’islamiste Abdelillah Benkirane, doit être bien agité. Et pour cause! M. Benkirane désespère de voir naître une nouvelle majorité. La question est pourtant sur toutes les lèvres et occupe bien des esprits.
Sans oublier que l’actuel gouvernement vient d’essuyer un sérieux revers. Dans son dernier discours du 20 août, le Roi Mohammed a fustigé la faillite du gouvernement en matière d’éducation, un chantier déterminant pour le Maroc. «Le gouvernement actuel aurait dû capitaliser les acquis positifs cumulés dans le secteur de l’éducation et de la formation, d’autant plus qu’il s’agit d’un chantier déterminant s’étendant sur plusieurs décennies », a déploré le Roi, avant d’asséner: « Il faut renoncer à la polémique stérile et détestable qui n’est d’aucune utilité, si ce n’est le règlement de comptes étriqués et la pratique de l’injure et de la calomnie. La stigmatisation des individus ne contribue pas à régler les problèmes, mais plutôt à les exacerber ».
Sur le plan économique, ce n’est guère mieux. Le gouvernement d’Abdelilah Benkirane peine à faire face à une conjoncture difficile ou à proposer des réformes concrètes.
Pour conjurer le mauvais sort, Benkirane dit ne pas craindre des élections anticipées et affirme ne pas les exclure si les tractions avec le RNI n’aboutissent pas. "Si j’échoue à former une nouvelle majorité, je reviendrai vers sa Majesté qui garde toute latitude pour prendre la décision adéquate".
Mais fidèle à ses habitudes, le Premier ministre choisit une réunion de son parti, le meeting de la jeunesse du PJD, pour délivrer quelques messages. Il s’en est pris à nouveau à ceux qu’il accuse de vouloir miner l’action du gouvernement et la relation du PJD avec le Roi. "Le Roi est au-dessus de nous. Notre combat est plutôt avec les forces tyranniques qui veulent mettre la main sur les richesses du pays", a-t-il dit, s’en prenant à son ex-allié de l’Istiqlal mais aussi au Parti authenticité et modernité (PAM) et à l’USFP.
Dans un contexte régional défavorable aux islamistes, chassés du pouvoir en Egypte et fortement critiqués en Tunisie, Benkirane aime croire que son crédit est intact. Et ce, malgré un manque de visibilité qui empêche politiques et opérateurs économiques de se projeter dans l’avenir. L’impasse actuelle des négociations entre le Chef du gouvernement et le président du RNI sur la constitution de la nouvelle équipe gouvernementale affecte également l’élaboration de la loi de Finances 2014, ainsi que la répartition des budgets sectoriels, l’établissement des priorités et la poursuite du dialogue social.
La rentrée politique et sociale s’annonce donc bien difficile. Et les syndicats ne sont pas en reste. Ils ont mis en garde le gouvernement contre les conséquences de ses atermoiements et de son refus de mener un véritable dialogue.
En attendant la nouvelle majorité, il paraît que M. Benkirane a pris quelques jours de congé pour récupérer et préparer sa rentrée… avant un cinquième round de négociation avec le patron du RNI qui s’annonce décisif.